Pas touche ! - Objectif Soins & Management n° 239 du 01/10/2015 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 239 du 01/10/2015

 

Éditorial

Jean-Marc Perez  

« Touche pas à mon pote » a été créé il y a trente ans par SOS Racisme pour mettre en valeur la différence, promouvoir l’antiracisme et demander le respect des personnes. Ce slogan est maintenant presque systématiquement repris pour défendre des causes aussi diverses que variées ; il suffit de taper au hasard sur un moteur de recherche « touche pas à… » pour que l’on trouve ce à quoi il est interdit de toucher : mes dimanches, ma région, mes RTT, mon hosto, ma santé, ma ligne de bus, ma rivière, etc. On a affaire ici à une toute autre valeur que celle d’origine : celle de la conservation et du droit de propriété, qu’en l’occurrence des citoyens utilisent, au nom d’une somme d’intérêts particuliers faisant rarement l’intérêt général, pour contrer le pouvoir qui voudrait réformer.

Tout le monde est d’accord pour défendre le mouvement, l’innovation, la prise de risque, les constructions nouvelles. Pour autant, beaucoup ne conçoivent le changement que pour les autres ou comme une strate de plus à ce qui existe déjà. Mais ne rien changer, c’est avoir l’assurance que tout va bouger, pour reprendre à son inverse la formulation de Giuseppe Tomasi. Autrement dit, si nous voulons maintenir notre but – le progrès social, le développement de la santé, le réseau de transports en commun… – il faut changer les modalités. L’immobilisme est en effet une assez bonne garantie de perdre de vue la finalité de notre action et de périmer les moyens de l’atteindre. Le monde de la santé – loi de santé, tiers payant, temps de travail, groupements hospitaliers, délégations d’actes… – et ses acteurs – professionnels, patients, associations, fédérations, syndicats… – sont une aubaine pour ceux qui voudront observer et mesurer nos capacités à oser la transformation et l’évolution.