Objectif Soins n° 240 du 01/11/2015

 

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Marie-Capucine Diss  

Enquête Médecin anesthésiste à l’hôpital Cochin, Anissa Belbachir a présenté, lors du Salon Infirmier, les premiers résultats d’une enquête menée par la Société française d’anesthésie et de réanimation.

Anissa Belbachir est l’un des trois auteurs de ce travail, le premier du genre en France, visant à « lever le voile sur un tabou ». 1 666 professionnels, dont une majorité d’Iades et de médecins anesthésistes réanimateurs, ont répondu sur le Net à un questionnaire. La définition du harcèlement retenue est celle que lui a donné la psychiatre Marie-France Hirigoyen : une conduite abusive « qui porte atteinte par sa répétition ou sa systématisation à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychique d’une personne ». Pour traiter les réponses, quatre groupes ont été constitués en fonction du sentiment d’appartenance des répondants : “victime”, “victime et témoin”, “témoin” et “ni victime ni témoin”. Ce travail confirme ce que tout le monde pouvait pressentir : les femmes se sentent plus harcelées que les hommes. Plus de 60 % des femmes se sentent victimes de harcèlement au bloc opératoire. En revanche, l’étude écorne un cliché relatif au genre : 63 % des victimes de harcèlement ne pensent pas que la féminisation médicale ait atténué ce phénomène. Et 54 % d’entre elles considèrent qu’il n’est pas pratiqué par une personne du sexe opposé.

Profil des victimes ?

Autre attendu, “l’effet profession” : les paramédicaux sont les professionnels courant le plus de risques d’être la cible de harcèlement au bloc. 54 % des infirmières en sont victimes. Un tiers des médecins subit du harcèlement, avec un risque deux fois plus élevé pour les anesthésistes que pour les chirurgiens. L’anlyse de l’origine du harceleur apporte un nouvel éclairage. une large majorité des harceleurs sont des médecins, contre 20 % des infirmières et 20 % de personnel administratif. 18 des 64 Iades qui ont répondu au questionnaire estiment avoir été harcelées par un cadre de santé. Et c’est le cas pour 22 Ibodes, sur les 48 qui ont participé à l’enquête. L’importance de la hiérarchie au bloc est un des facteurs repérés comme favorisant le harcèlement. La forme écrite et directe est la plus identifée, les victimes déclarant dans 70 % des cas avoir reçu une sanction de ce type.

Réactions en chaîne

Les victimes déclarent pour 43 % être l’objet de mépris. Le harcèlement provoque pour 66 % d’entre elles un épuisement. Trois quarts d’entre elles deviennent moins impliquées professionnellement. Une victime sur cinq demande un changement d’hôpital et une sur dix un changement de service. La loi du silence, régnant particulièrement en bloc opératoire, est identifiée pour près de 20 % des victimes comme un facteur favorisant le harcèlement. Cette étude pourrait briser cette fatalité. Selon Anissa Belbachir, ce travail devrait déboucher sur des directives et un site web, pour venir en aide aux victimes.