Gériatrie Protéger les plus faibles contre eux-mêmes et contre les autres tout en leur accordant la plus grande liberté possible sur le plan affectif et sexuel fait partie des devoirs des soignants en Ehpad. Un objectif souvent difficile à atteindre.
La question de la sexualité en Ehpad plonge souvent les soignants dans un abîme de perplexité, d’autant que l’on estime à 60 % le taux de pensionnaires atteints d’Alzheimer ou de démences liées. Des démences pouvant entraîner des troubles du comportement. Ce sujet prégnant a été abordé par Roselyne Vasseur, chargée de la qualité/sécurité des soins dans les Ehpad du Centre d’action social de la ville de Paris, lors d’une conférence au dernier Salon Infirmier. « Pas question de dénier à ces personnes le droit à la sexualité qui est une pulsion de vie », souligne d’abord l’oratrice avant d’ajouter : « Le besoin et le désir sexuel persistent au-delà de 80 ans. Le refus de la sexualité en gériatrie relève du stéréotype culturel et des tabous individuels. »
Alors, comment concilier le respect de la liberté et la protection des plus faibles ? Il convient d’oublier ses propres a priori afin de fonder une véritable réflexion d’équipe pluridisciplinaire sur le sujet. Une réflexion d’autant plus essentielle que « les résidents affectés de troubles cognitifs doivent être protégés d’eux-mêmes et des autres », ce qui fait partie des devoirs légaux de l’institution. Mais pas question pour autant de prendre des décisions à l’emporte-pièce, « l’interprétation des faits, les références et valeurs individuelles peuvent engendrer un risque de décisions non consensuelles et de conflits éthiques dans l’équipe ». Roselyne Vasseur encourage donc tous les professionnels exerçant en Ehpad à se former sur le sujet de la sexualité des personnes âgées afin de mieux dialoguer.
Autre élément phare de cette conférence : toujours tracer les événements perturbants, si infimes soient-ils. Il semblerait, en effet, que la difficulté majeure pour distinguer un rapport consenti d’un rapport abusif trouve certaines de ses racines dans le fait que « les soignants sont souvent réticents à transcrire leurs suspicions ». Difficile, dans ce cas, d’effectuer un suivi attentif des situations à risque. L’anticipation doit également avoir sa place. Dès l’entrée en Ehpad, effectuer une évaluation des nouveaux résidents sans oublier de se renseigner à propos de ses habitudes sexuelles. Cette évaluation devra être reconduite régulièrement, de manière à rester valide. Ainsi les soignants bénéficieront-ils de meilleurs outils pour repérer les facteurs de risque et les signes précurseurs pour sécuriser ce qui doit l’être.