Objectif Soins n° 240 du 01/11/2015

 

Sur le terrain

Laure de Montalembert  

Après s’être juré de ne jamais travailler dans le secteur de l’enseignement, Pascale Wanquet-Thibault en a désormais fait le centre de sa vie professionnelle. La question de la douleur et celle de la communication sont ses chevaux de bataille.

Objectif Soins & Management : Lorsque vous étiez au lycée, vous vous destiniez à tout, sauf à l’enseignement…

Pascale Wanquet-Thibault : Oui, c’est assez drôle finalement. Toute ma famille était dans l’enseignement et je ne voulais surtout pas suivre cette voie. Maintenant, nous en rions. À 12 ans, après m’être occupée d’un petit garçon de 8 mois, j’ai pris la décision de devenir puéricultrice. Je ne connaissais rien de ce métier et je n’avais même pas intégré le fait qu’il s’agissait de s’occuper d’enfants malades, mais c’était décidé. Quelques années plus tard, j’ai donc intégré la toute nouvelle école d’infirmière Antoine-Béclère de Clamart [Assistance publique – Hôpitaux de Paris] où l’enseignement était assez avant-gardiste. J’appartenais à la dernière promotion en deux ans et j’ai obtenu mon diplôme en 1973. À l’époque, nous étions en stage le matin et en cours l’après-midi, ce qui nous amenait à être bien intégrées dans les services. Les quatre stages que j’ai effectués en pédiatrie m’ont confortée dans mon choix. En particulier, le stage au sein du service du professeur Courtecuisse où on laissait déjà leur place aux parents, contrairement à ce qui se faisait dans de nombreux autres services.

OS&M : Pourtant, vous n’avez pas immédiatement exercé dans un service enfants…

Pascale Wanquet-Thibault : À la sortie de mes études, il n’y avait pas de poste vacant en pédiatrie. J’ai donc intégré un service d’urgences chirurgicales adultes, mais cela m’a permis de découvrir que j’étais bien dans ce milieu, qu’on y soigne des enfants ou des adultes. Au bout d’un an, je suis tout de même partie travailler en maternité à Antoine-Béclère comme infirmière en salle de travail dans le service du professeur Papiernik. J’aurais volontiers complété mes courtes études par un diplôme en psychologie, mais c’était trop compliqué d’un point de vue logistique. Ce qui était fantastique, c’est que, dans ce service, on faisait déjà de la recherche. On était à la pointe de la technique et de la psychologie. J’y ai vu les premières échographies, les premières péridurales, les naissances de triplés, d’enfants mis sous bulle. On travaillait énormément, mais c’était extrêmement stimulant. J’y suis restée trois ans, jusqu’à mon départ pour Rennes [Ille-et-Vilaine].

OS&M : Aviez-vous abandonné l’idée de devenir puéricultrice ?

Pascale Wanquet-Thibault : Disons que je l’avais un peu oublié. Je me suis retrouvée en chirurgie infantile, ce qui me convenait bien. C’était dynamique, actif, varié. Les chirurgiens et les anesthésistes y étaient proches des équipes. J’ai alors été rattrapée par mes projets initiaux quand on m’a rappelé que j’en avais parlé au moment de mon embauche pour m’encourager à passer à l’acte. Mais, à l’époque, il était important pour moi de travailler à temps partiel. C’est la raison pour laquelle j’ai pris un poste de nuit en réanimation chirurgicale infantile où je me suis énormément formée, notamment à la gestion du stress et à la communication. En parallèle, je me suis...