Objectif Soins n° 240 du 01/11/2015

 

Promotion de la santé

Benoît Breche  

En France, la simulation procédurale ne fait que rarement l’objet de recherches scientifiques. Et selon nos prospections, jamais dans le contexte spécifique de la formation initiale infirmière. Avons-nous le recul nécessaire pour évaluer ces nouveaux types de formation ? Quid de l’efficacité de ces méthodes pédagogiques dites de “nouvelle génération” utilisées en formation initiale et/ou continue ?

Avec la réforme des études d’infirmiers de 2009, la philosophie même du cursus de formation infirmière a été profondément modifiée. Ce changement, même si déstabilisant dans un premier temps, associé à l’évolution majeure des techniques et matériels liés à la pédagogie en santé, a permis l’émergence et/ou le développement de nouvelles méthodes pédagogiques.

On peut légitimement penser que c’est la corrélation de différents facteurs (de façon non exhaustive, on retrouve : une volonté politique de développement de la formation par simulation en formation initiale infirmière, le changement de paradigme et enfin le développement de matériels et de technologies spécifiques à la simulation) qui a permis le développement de la simulation au sein des Ifsi. Permettant ainsi à la simulation, comme dans tous les autres domaines de la santé, de prendre un essor conséquent dans la formation initiale infirmière.

DÉFINITION

Selon le Rapport de mission(1) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la santé, commandé par la Haute Autorité de santé (HAS) en 2012, « le terme “simulation en santé” correspond à l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soins, dans le but d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels »(2).

NOTION DE FIDÉLITÉ

La notion de fidélité en simulation en santé est largement étudiée et décrite. On définit couramment ce terme comme « le degré avec lequel la simulation imite la réalité »(3). On oppose habituellement la simulation dite “haute-fidélité” à la simulation dite “basse-fidélité”. Selon Chiniara, « la distinction entre les simulateurs basse-fidélité [qui font référence aux simulateurs procéduraux], et les simulateurs haute-fidélité est ’’fallacieuse’’. Certains simulateurs procéduraux reproduisent, en effet, les sensations et les réactions propres à leur modèle réel de façon bien plus proche de la réalité que ne peuvent le faire les simulateurs synthétiques de patient ». La simulation procédurale n’a rien à envier à sa grande sœur, ni sur le plan des sensations, ni sur le plan pédagogique. Au contraire même, comme nous le montre Chiniara(3), en se basant sur les travaux de Reznick(4), un excès de fidélité pourrait, par « l’abondance d’éléments distractifs et surnuméraires, nuire à l’apprentissage des novices ».

Ainsi, la fidélité nécessaire en simulation se situe à des niveaux différents, suivant les publics concernés. De plus, contrairement au niveau requis pour l’apprentissage par des experts, celle-ci peut s’avérer contre-productive pour les étudiants avancés ou novices.

LA COMPÉTENCE

La définition de Le Boterf(5) est la plus utilisée actuellement en pédagogie : « Savoir agir et interagir en situations professionnelles. »(5) Cet auteur distingue ainsi plusieurs types de savoirs dont la combinaison sous-tend la notion de compétence. De Romainville(6) distingue deux types de compétences :

• « celle béhavioriste, qui est synonyme de conduite, de comportements structurés en fonction d’un but, action, tâche spécifique, observable et qui repose plus sur des savoirs et contenus de programme »(7) ;

• « celle qui est synonyme d’une potentialité intérieure, invisible, une capacité générative susceptible d’engendrer une infinité de conduites adéquates à une infinité de situations nouvelles. »(7) Cette définition, retenue dans ce travail, explique l’évolution de la formation initiale infirmière.

Méthodologie

Cette recherche s’est déroulée dans le cadre de la formation initiale infirmière, et plus précisément dans l’acquisition par les étudiants de la compétence 4(8). Cette séquence se structure sous la forme d’une évaluation formative.

Objectifs pédagogique

L’étudiant sera capable de poser un “gripper” dans une chambre implantable de manière aseptique, sans risque, ni pour lui, ni pour le patient. Tout en assurant une prise en charge globale et personnalisée.

Déroulement

Cette séquence d’évaluation formative s’appuyant sur la pédagogie par simulation s’effectue selon le référentiel proposé par le rapport de la HAS(1).

Modalités

Vingt-quatre groupes de quatre étudiants (96 étudiants). La durée est de deux heures par groupe. La formation se divise en trois étapes :

• une projection vidéo présente la procédure de pose d’une chambre implantable. Lors de ce cours, les étudiants reçoivent la grille des critères retenus pour la validation finale de cette UE. Ceci afin de développer l’auto-évaluation des apprenants(9) ;

• une évaluation formative sous forme d’une simulation procédurale en sous-groupe ;...