Prendre de la hauteur

« Nos systèmes sont proches, mais tellement différents, résume Dominique Peljak, directeur du centre hospitalier de Melun (Seine-et-Marne). Les comparer nous permet de mettre en valeur ce que nous faisons bien, de voir ce qui peut être amélioré et d’ouvrir notre esprit. » Ce directeur a décidé depuis quelques années de mettre à profit le programme d’échange de cadres hospitaliers conçu par la Fédération européenne des hôpitaux et des soins de santé (Hope) créée en 1981. Chaque stagiaire candidat organise lui-même son stage. Il définit les pays dans lesquels il souhaite se rendre, ainsi que ses priorités d’observation et d’échange. Un rapide test de langue permet au coordinateur national d’autoriser ou non le départ vers un établissement non francophone. Le stage doit également permettre de travailler sur une thématique différente chaque année : “Hôpital et soins du futur” en 2015, “La qualité d’abord” en 2014, “La sécurité du patient en pratique” en 2013, etc. Une dizaine de Français participent chaque année au programme. De l’avis de tous les cadres contactés, organiser un mois d’absence n’a pas présenté de grosse difficulté. « Cela s’anticipe en amont du départ avec le binôme et la cadre supérieure », explique Viviane Beaumatin, cadre en gériatrie au CHU de Bordeaux (Gironde) qui s’est rendue en Belgique en 2012. Son stage s’est effectué sous la thématique “Patients vieillissants, soignants vieillissants” : « J’en suis revenue avec des idées neuves, on voit les petits ajustements que l’on pourrait faire. Comme formaliser l’écriture du projet de rééducation du patient, faire évaluer le niveau de dépendance par l’IDE et l’AS, etc. Et ça permet vraiment de prendre du recul et de la hauteur. » Nicole Coquin, cadre supérieur de santé assistante du chef de pôle médico-technique du centre hospitalier de Melun (Seine-et-Marne), a eu l’opportunité de passer un mois dans un centre hospitalier universitaire d’Helsinki, en Finlande, en 2015 : « C’était un établissement bien plus grand que le nôtre, ce qui rend la comparaison difficile. J’ai pu observer beaucoup de lean management, alors que nous, nous travaillons davantage sur les protocoles et l’amélioration des processus. » La cadre supérieure peut néanmoins échanger avec un grand nombre d’interlocuteurs, découvre ainsi que la gestion des lits, dont elle est responsable dans son établissement, est là-bas confiée à un médecin. À l’issue de leur stage, tous les participants dans un pays se réunissent pour élaborer un rapport de stage qui est ensuite présenté dans un séminaire quelques semaines plus tard. Au centre hospitalier de Douarnenez (Finistère), le directeur Francis Bruneau a uniquement décidé d’accueillir des stagiaires étrangers. « Du point de vue de l’établissement, c’est un moment intéressant dans l’année. Il s’agit de faire découvrir notre système, d’en montrer les aspects positifs, de générer des discussions. Mais ce n’est pas ce qui fait directement évoluer notre fonctionnement. Pour faire changer l’organisation, il faut plus qu’une découverte, un accompagnement concret, des échanges multiples et un axe de travail. »