Objectif Soins n° 243 du 01/02/2016

 

Actualités

Hélène Colau  

Gestion des risques Une étude sur les patients porteurs de cathéters à émergence cutanée montre que 83 % d’entre eux trouvent que prendre une douche est risqué.

Le port d’un cathéter en continu pendant plusieurs années nécessite une vigilance de chaque instant afin de limiter le risque infectieux, et donc une hygiène corporelle irréprochable. Problème : pour limiter les risques d’infection, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de ne pas mouiller les pansements de cathéter. Comment cumuler ces deux exigences ? C’est l’objet de l’étude menée par Hélène Coulon, infirmière conseil pour l’hypertension artérielle pulmonaire, et présentée lors du 8e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée, fin janvier à Paris.

Étude

Sur les quarante patients interrogés, porteurs d’un cathéter au thorax, 35 % des répondants ont assuré prendre une douche complète sans se mouiller, 30 % prennent une douche sur le bas du corps et utilisent le gant sur la moitié haute, 25 % se lavent intégralement au gant. Pour ne pas mouiller leur pansement, 74 % n’utilisent pas de protection, contrairement aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui préconise l’emploi temporaire d’un « matériau imperméable ». 16 % superposent plusieurs pansements, 5 % déposent un film plastique sur leur torse et 5 % emploient d’autres techniques, par exemple une serviette.

Protéger et surveiller le pansement

Par ailleurs, la HAS insiste sur la nécessité de vérifier l’intégrité du pansement avant et après la douche. Une préoccupation assez rare chez les patients, puisque 10 % seulement refont leur pansement systématiquement après la douche et 10 % le changent « si besoin ». Une écrasante majorité, 75 %, ne le changent qu’une fois par semaine quoi qu’il arrive. Ce qui ne veut pas dire qu’ils vivent la situation avec insouciance. « Si 90 % se disent globalement satisfaits, 50 % des patients interrogés trouvent que la douche est simple mais risquée, et 33 % la trouvent à la fois compliquée et risquée », relève Hélène Coulon.

Seuls 6 % la trouvent « simple et sans risque ». L’infirmière conseil a insisté sur l’importance de protéger le pansement. « Chez nous, nous utilisons un simple film, qui peut parfois être allergisant. Pour les patients sensibles, il en existe de moins allergisants, mais comme ils sont aussi moins adhérents, cela pose problème sous la douche. » Pour contourner le problème, pourquoi ne pas supprimer tout pansement le temps de la toilette ? « Il arrive que des personnes s’en passent et n’aient pas d’infection pendant des années, mais on n’ose tout de même pas le proposer aux patients », remarque Odile Albert, infirmière à l’hôpital Saint-Louis (AP-HP). « Le pansement, contrairement à la perfusion seule, justifie le passage d’une infirmière, note Hélène Coulon. C’est aussi pour cela qu’on y tient, pour assurer le contrôle infirmier. »