Objectif Soins n° 243 du 01/02/2016

 

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Claire Pourprix  

Enquête Michèle Delaunay, cancérologue, présidente de l’Alliance contre le tabac et député de Gironde, a annoncé vouloir demander la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le lobbying des cigarettiers. Explications.

Objectif Soins & Management : Qu’est-ce qui vous motive à demander cette commission d’enquête ?

Michèle Delaunay : Ma démarche s’appuie sur l’article 5.3 de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac qui stipule que « chaque Partie élabore, met en œuvre, actualise et examine périodiquement des stratégies et des plans et programmes nationaux multisectoriels globaux de lutte antitabac conformément aux dispositions de la Convention et des protocoles auxquels elle est Partie » et que, « en définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que ces politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac, conformément à la législation nationale ». J’aimerais pouvoir éclairer les moyens de pression des cigarettiers et sur qui ils s’exercent, tout d’abord dans un souci de transparence. Quand on parle des lobbies, on pense d’emblée que l’on graisse la patte des députés et des politiques. Je voudrais donc écarter cela et déceler s’il existe des voies de pression sur l’administration, dans l’industrie du cinéma ou encore auprès des médias.

OS&M : Qu’est-ce qui vous faitpenser que les cigarettiers sont derrière cela ?

Michèle Delaunay : Alors que les effets dramatiques du tabac sont connus depuis plus de cinquante ans, malgré les campagnes de prévention et la loi Évin, il y a toujours 32 % de fumeurs en France. Et la consommation repart à la hausse, en particulier sur le tabac à rouler. Pourquoi ne parvenons-nous pas à prendre des mesures radicales comme l’augmentation forte en une seule fois du paquet de cigarettes ? On a tout le temps l’impression qu’on se heurte à quelque chose.

OS&M : Pensez-vous que votre demande sera accordée ?

Michèle Delaunay : Je vais réunir des députés de plusieurs partis politiques car le tabac va au-delà d’une politique partisane. Nous rédigerons ensemble une résolution et soumettrons notre demande dans le trimestre à venir. Si elle n’était pas acceptée, ce serait un élément d’inquiétude supplémentaire ! Mais, en tant que député et présidente de l’Alliance contre le tabac, je ne baisserai pas pavillon.