Objectif Soins n° 243 du 01/02/2016

 

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Anne-Lise Favier  

Réflexion L’Espace de réflexion éthique régional (ERER) du Nord-Pas-de-Calais a organisé fin janvier à Lille un colloque sur le thème “l’hôpital, la nuit, dans le halo du soin” afin de savoir quelle perception les soignants ont de la nuit.

Au cours d’une série de témoignages d’infirmières, d’aides-soignantes et d’internes en médecine travaillant aussi bien de nuit que de jour, les discussions ont tourné autour de la perception que les soignants peuvent avoir du travail de nuit. Si certaines infirmières ont fait le choix de travailler exclusivement la nuit, d’autres le vivent comme une angoisse : « Selon que l’on travaille de nuit de manière habituelle ou que l’on fait des gardes ou des astreintes, la perception n’est pas la même », a rappelé le Dr François-René Pruvot, président du conseil d’orientation de l’ERER. Marion Gleizes, infirmière de jour en cardiologie et assurant occasionnellement un travail de nuit, témoigne : « Rien ne me stresse plus que le travail de nuit. La nuit, on se retrouve seule, avec une aide-soignante, tandis que la journée, ce sont trois infirmières qui occupent le service. Et puis l’éclairage est différent, les bruits ne sont pas les mêmes, d’autant plus que de nombreux patients sont équipés de boîtiers télémétriques : le moindre “bip” peut prendre une tournure dramatique », explique-t-elle.

Une enquête et des questions à creuser

Pour avoir une vision plus globale de ce travail de nuit, l’ERER a mené une enquête préliminaire en juin 2015 auprès de 283 personnes travaillant dans certains hôpitaux de la région Nord-Pas-de-Calais. Celle-ci portait sur les motivations, les avantages et les inconvénients du travail de nuit et a montré que trois quarts des répondants sont des femmes exerçant en grande partie en hospitalisation conventionnelle. Pour une majorité des sondés, la nuit reste un choix de vie, qui présente bien des avantages : profiter d’une relation de travail privilégiée avec ses collègues ou le reste du personnel hospitalier et faire également l’objet de responsabilités accrues. Même si certains écueils, notamment sur la pénibilité, font surface, les soignants qui ont fait ce choix n’envisagent pas forcément un retour au travail de jour. Face à ce travail de nuit se pose la question de l’encadrement, du management des équipes et de la continuité des soins : c’est là que le travail du cadre de santé prend toute sa dimension, pour assurer une liaison entre le jour et la nuit et les différents soignants. Plus encore se pose la manière dont le travail de nuit est perçu : simple veille ou véritable soin ? Aucun doute pour les soignants, qui estiment tous faire le même travail mais différemment, la nuit n’étant pas toujours synonyme de repos, même pour les patients. Un vaste sujet qui reste à creuser pour parvenir à une évolution des pratiques.