Absentéisme : l’iFrap distribue les bons et les mauvais points - Objectif Soins & Management n° 244 du 01/03/2016 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 244 du 01/03/2016

 

Actualités

Adeline Farge  

Classement Arrêts maladie, accidents professionnels, congé maternité… La fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFrap) a publié le 11 février le premier classement de l’absentéisme dans les centres hospitaliers. Pas loin de trente centres hospitaliers universitaires ont été passés au crible.

En février, l’iFrap a présenté le premier palmarès de l’absentéisme dans trente centres hospitaliers universitaires (CHU) de France. Sur le podium des bons élèves : les CHU de Limoges en Haute-Vienne (avec 21,35 jours toutes causes confondues), de Caen dans le Calvados (21,69 jours) et de Nîmes dans le Gard (22,49 jours). « L’ambiance du service et le management jouent un rôle fondamental. Nos cadres de santé sont à l’écoute du personnel et anticipent leurs difficultés. Dans nos services les plus durs, nous avons investi dans du matériel pour réduire leurs efforts physiques et donc éviter les maladies et accidents professionnels », justifie Marc Taillade, directeur des ressources humaines du CHU de Nîmes. A contrario, les CHU de Lille dans le Nord (30,99 jours), de Rouen en Seine-Maritime (30,94 jours) et d’Amiens dans la Somme (29,37 jours), qui n’ont pas pu communiquer avec la rédaction, se réservent les dernières places du classement.

Des écarts entre catégories

Pour concocter ce palmarès, ce think tank s’est penché sur les bilans sociaux des CHU en 2013. Seul bémol, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) n’a pas répondu à cette enquête. Premier point qui ressort de cette analyse : l’écart important entre les journées d’absence du personnel médical et du personnel non médical. Les absences toutes causes sont ainsi de 3,12 % pour la première catégorie contre 7,48 % pour la seconde, soit respectivement 11,38 jours et 27,29 jours. « Cet écart est très étonnant. Le statut des agents hospitaliers n’est pas un outil suffisant pour les motiver. Des primes de présentéisme permettraient, elles, de valoriser les agents selon la qualité de leur travail », insiste Agnès Verdier-Molinié, présidente de la Fondation, lors d’une interview accordée à notre magazine.

Plus d’arrêts courts mais réguliers

Parmi ces absences, 20 % sont liées à la parentalité, un taux justifié par la féminisation du personnel hospitalier. L’étude constate aussi un vieillissement de la population soignante (infirmières, agents de services hospitaliers) influant sur l’aggravation de l’absentéisme pour longue maladie, maladie longue durée, accident du travail et maladie professionnelle (30 % du total).

Enfin, 50 % des absences sont dues à une maladie ordinaire. « Ces arrêts de courte durée mais réguliers désorganisent le travail des équipes. Cela a été une grosse erreur de supprimer le jour de carence », estime Agnès Verdier-Molinié.

Une recommandation pourrait être de simplifier les procédures de reprise du travail après un arrêt longue durée. Pour favoriser le retour en activité, le CHU de Nîmes mise, quant à lui, sur le tutorat : « Parfois, nous plaçons les agents en sur-effectif durant plusieurs mois, ce qui les aide à reprendre le travail en douceur. Si le retour est mal organisé, vous êtes sûrs que l’agent s’absentera à nouveau. »