Quelle aide-soignante exercera aux côtés de l’infirmière demain ? La question est au cœur des travaux de réingénierie(1) qui ont débuté en mai 2015, sous l’égide de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Le référentiel d’activités terminé, le groupe de travail s’attaque au référentiel de compétences, avant d’en finir par le référentiel de formation. Des travaux qui devraient aboutir à un allongement de la formation et à la reconnaissance du diplôme au niveau 4. « De plus en plus de jeunes passent un bac pro services à la personne, de niveau 4, et poursuivent avec la formation aide-soignant, de niveau 5. Il faut corriger cette incohérence », a pointé Pilar Verdoncq, conseillère technique pour l’exercice des professions paramédicales à la DGOS, lors des Journées francophones des aides-soignantes, fin janvier à Paris. Ce rehaussement de la formation sera accompagné par de nouvelles exigences en matière de relation/communication, de recueil et de transmission des données, d’animation et d’accompagnement.
Exercice illégal
Enjeux : adapter la profession aux besoins. Si la formation actuelle – réformée en 2005 – est « à peu près adaptée aux besoins en soins dans les services de court séjour, elle ne l’est pas pour les besoins en soins dans les établissements qui accueillent les personnes handicapées et âgées dépendantes, juge Thérèse Palla, présidente de l’Union française des aides-soignants (Ufas). Les professionnels du médico-social pratiquent couramment des actes qui ne relèvent pas de leurs compétences ». Par exemple, les aspirations endotrachéales. L’acte n’étant pas enseigné en formation initiale, « on renvoie les aides-soignantes en formation, en leur qualité d’aidante »(2), relève Pilar Verdoncq. Un cycle sans fin, compte tenu du turn-over dans les établissements. Le cas des glycémies capillaires, fréquemment effectuées par les aides-soignantes(3), est plus problématique. « Les aides-soignantes sont souvent seules le week-end et la nuit en Ehpad. Il faut pouvoir renseigner le médecin », argumente Thérèse Palla. Mais, pour l’Ordre infirmier, membre du groupe de travail, pas question de transférer cette compétence, acte infirmier sur prescription. « La réingénierie n’a pas pour vocation à légaliser l’exercice illégal. En dehors du médecin, l’IDE est la seule autorisée par la loi à pratiquer une effraction cutanée », rappelle Christophe Roman, vice-président du Conseil national, qui plaide pour le renforcement de la présence infirmière en Ehpad. Une expertise juridique est en cours au ministère. Elle devra également statuer sur l’administration des médicaments non injectables tels les collyres, patchs, pommades, bandes de contention, etc. De là à envisager la définition d’un rôle propre ? « On n’y est pas encore, mais on s’achemine vers un élargissement des compétences, en concertation avec la profession infirmière », tempère Pilar Verdoncq.
(1) Ces travaux concernent également les auxiliaires de puériculture.
(2) Un décret de 1999 a ouvert la possibilité aux aidants de réaliser cet acte hors hospitalisation, sur prescription médicale et après avoir suivi une formation de cinq jours en Ifsi.
(3) Selon une enquête de la Fédération nationale des associations d’aides-soignantes (Fnaas), une très large majorité des IDE et cadres de santé estiment que cet acte, réalisé régulièrement par les aides-soignantes, devrait être intégré dans leur référentiel.