Organisation des soins Depuis 2012, une trentaine d’établissements hospitaliers ont travaillé à l’optimisation du temps de travail, notamment du binôme médecin-infirmier. L’Agence nationale Wd’appui à la performance, qui les a accompagnés, a présenté la démarche lors du Salon Infirmier, fin mai.
Interventions déprogrammées, files d’attente aux consultations, sorties retardées, accumulation d’heures supplémentaires… À l’hôpital, les patients comme les soignants pâtissent de ce que l’on appelle la « désynchronisation des temps médicaux et non médicaux »
« Le soin est l’aboutissement d’une intervention collective… mais pas toujours coordonnée », relève Stanislas Johanet, médecin anesthésiste réanimateur et facilitateur de projet à l’Agence nationale d’appui à la performance (Anap). En cause, le décalage entre l’équipe soignante et les praticiens : polyvalents et répondant à une hiérarchie bien définie, les soignants agissent sur prescription dans une unité de soin donnée ; autonomes, déclencheurs de l’action, les médecins interviennent sur plusieurs sites et ont tendance à se sur-spécialiser. « Il y a une méconnaissance forte des contraintes des uns et des autres, estime le Dr Johanet. Les soignants se demandent pourquoi le praticien est toujours en retard à la visite et lui se demande pourquoi l’IDE n’est pas disponible quand il arrive. »
Depuis 2012, l’Anap a accompagné 32 établissements avec un triple objectif : améliorer la qualité des soins, le bien-être au travail et l’efficience médico-économique. « Une salle de bloc qui ne fonctionne pas pendant une heure parce que l’équipe n’est pas au complet, c’est un manque à gagner de 1 000 euros », illustre l’anesthésiste. Sans compter l’heure supplémentaire qu’il faudra effectuer - et rémunérer - pour rattraper le retard.
Si les experts de l’Anap reconnaissent l’existence d’impondérables, ils relèvent de nombreuses « situations à risques », où il suffit d’un minimum d’organisation pour prévenir les problèmes : les visites médicales, l’intervention des équipes transversales (kinésithérapeute, diététicien, etc.), l’articulation avec les plateaux techniques, les consultations externes, le bloc, l’ambulatoire et les congés médicaux.
Et de citer l’exemple du service chirurgie du centre hospitalier (CH) de Cherbourg (Manche), qui a récemment mutualisé les spécialités viscérale, orthopédique et ORL. « 80 % des IDE se disaient en insécurité, avec 40 % de prescription non conformes. Le taux d’absentéisme s’élevait à 28 % », expose le Dr Johanet. Avec l’Anap, le service a notamment élaboré une charte de fonctionnement - « un temps où l’on s’interroge sur l’organisation » -, imposé une programmation des congés médicaux à quatre mois, révisé les fiches de poste IDE et aide-soignant et mis en place un créneau de soins paramédicaux de 9 à 11 heures, où les visites de chirurgiens sont interdites. Aujourd’hui, les indicateurs sont au vert : 95 % des prescriptions sont bien complétées et le taux d’absentéisme des IDE a chuté à 15 %. L’Anap planche désormais sur la problématique de la mutualisation au sein d’un même espace architecturale.
* Le terme “non médicaux” est employé volontairement afin d’inclure les brancardiers ou encore les secrétaires, maillons de la chaîne de soin.