Objectif Soins n° 247 du 01/06/2016

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

Compétences Les 33es journées nationales d’étude et de perfectionnement (JNEP) de l’Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État se sont tenues à Lille (Nord) début mai.

« Alors que le nombre d’infirmiers de bloc opératoire (Ibode) avait eu tendance à diminuer pendant quelques années, nous avons fait un gros travail pour que nos compétences soient reconnues », explique Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’Ibode (Unaibode).

Avec l’évolution des technologies au bloc, qui rendent les salles d’opération plus techniques, et le glissement vers l’ambulatoire, la profession a su s’adapter aux nouvelles exigences de travail et de réglementation.

Compétences et formation

Désormais, les compétences exclusives des Ibode sont reconnues et certains actes (comme l’installation chirurgicale du patient, la fermeture sous-cutanée et cutanée, etc.) autorisés à la hauteur de leurs aptitudes. Reste que la formation ne demeure reconnue qu’à un niveau bac +3 pour cinq années d’études.

L’Unaibode continue donc de s’attacher à la reconnaissance d’un niveau master 2 pour tout le personnel formé : « Il risque d’y avoir une certaine inertie pendant quelques mois, avec l’arrivée des élections, mais nous continuerons notre lutte pour que cette formation soit reconnue », assure Brigitte Ludwig.

Prix Soferibo

Lors de ces 33es JNEP, la Société française d’évaluation et de recherche infirmière en bloc opératoire (Soferibo) a remis trois prix à l’adresse de travaux valorisant la profession :

• Melissa Rousset a reçu un prix pour son travail sur la prévention du gaspillage au bloc opératoire,

• Pascaline Bourrion a, quant à elle, été récompensée pour son mémoire sur la revalorisation de l’image de l’Ibode à travers l’évolution de sa formation,

• Laure Di Florio s’est distinguée par son travail sur la réactualisation des connaissances de l’Ibode.

Travail au bloc et épuisement

En marge du congrès, différentes conférences ont étayé ces JNEP, dont une menée par Élisabeth Boullière, cadre Ibode et doctorante en sciences de l’éducation sur le thème “travailler au bloc rend-il malade ?”.

Si la question pouvait s’entendre sous plusieurs sens, elle a vite pris le chemin des questions autour de l’épuisement professionnel, « les Ibode étant soumises à un système inscrit dans une logique de rentabilité », a retenu Élisabeth Boullière. Et de rappeler les violations des règles au bloc (exit la check-list, exit le comptage des textiles), par commodité, nécessité ou négligence, conduisant à la fois à un épuisement moral et une fatigue importante.

La hiérarchie en questions

Cette conférence a ensuite mené à un débat animé au sein de la communauté des Ibode, certains refusant de croire à certaines dérives, estimant que lorsqu’on exige d’eux une tâche précise, il n’y a pas à contourner ; d’autres, au contraire, s’en inquiétant en pointant du doigt la logique de rentabilité de l’hôpital.

Un vaste débat qui pose de manière plus large la question de la hiérarchie au bloc et de la responsabilité de chaque membre de l’équipe, question plus que jamais d’actualité.