Objectif Soins n° 247 du 01/06/2016

 

Actualités

Carine Chausson  

Choc hémorragique L’apparition d’une multitude de blessés par des armes de guerre après les attentats du 13 novembre 2015 a conduit la médecine civile à repenser sa prise en charge pré-hospitalière. Depuis ces événements, les équipes de secouristes utilisent une technique ancienne issue de l’armée : le damage control. Le point avec un atelier dispensé au Salon Infirmier.

« Lors des attentats, beaucoup de victimes sont décédées d’hémorragies périphériques majeures qui n’ont pas pu être contrôlées à temps parce qu’on n’était pas près », constatent Raphaël Varga et Jérôme Piron, infirmiers au Smur, au début de leur intervention au Salon Infirmier le 24 mai dernier. Ce triste bilan a engendré une remise en question des pratiques secouristes.

Historique

« Jusque-là, le système de prise en charge français en situation d’exception reposait sur le “stay and play”, explique Jérôme Piron. Les secouristes travaillaient sur place et c’était l’hôpital qui se déplaçait auprès des patients avant qu’ils soient transférés vers des services très spécialisés comme les réanimations spécifiques. Désormais, nous utilisons le système anglo-saxon de “scoop and run” : les blessés doivent être stabilisés le plus vite possible pour être transférés en moins d’une heure vers des urgences polyvalentes. »

Prise en charge du choc hémorragique en situation exceptionnelle

Ce nouveau système de prise en charge implique la mise en place de nouvelles méthodes de secourisme issues des techniques militaires : le damage control. « Des personnels non médicaux, secouristes, infirmiers, arrivés en premiers sur les lieux de la catastrophe, vont stopper les hémorragies par des techniques simples et rapides pour permettre de stabiliser la victime et de la transférer au plus vite vers un bloc opératoire », développe Raphaël Varga.

Ces techniques reposent sur l’émergence de nouveaux dispositifs médicaux au sein des trousses de secours des pompiers et des Smur : les garrots (simples ou tactiques en cas de lésion tissulaire majeure), les pansements hémostatiques (qui favorisent l’adhérence tissulaire, activent la coagulation et concentrent les éléments figurés du sang), ou encore les coussins hémostatiques d’urgence. « Depuis les attentats, les secouristes disposent de trousses d’intervention damage control. Il s’agit d’un kit hémorragique, contenant des garrots, des pansements hémostatiques, une couverture de survie… », souligne Raphaël Varga.

Des techniques déjà utilisées

Déjà utilisées par la médecine militaire, ces techniques de prise en charge rapide du choc hémorragique en pré-hospitalier ont fait leur preuve. Selon le rapport de 2014 du Professeur Tourtier, médecin-chef de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris, « le nombre de décès par hémorragie des membres est passé de 23,3 à 3,5 % dans les forces spéciales américaines, après l’utilisation systématique des garrots tactiques ».