Tabac et addictologie - Objectif Soins & Management n° 247 du 01/06/2016 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 247 du 01/06/2016

 

Actualités

Clarisse Briot  

Expérience Pourquoi la prise en charge de la dépendance au tabac a-t-elle sa place dans un service d’addictologie ? Quel est le rôle de l’infirmier tabacologue ? Expérience d’un infirmier spécialisé lors du Salon infirmier.

Alors que la prise en charge de la dépendance à l’alcool, à l’héroïne ou au cannabis est reconnue, celle de la dépendance tabagique « fait encore l’objet de résistances, constate Lionel Louis, infirmier tabacologue à l’EPSM* de la Sarthe, en particulier côté soignants ». « L’addiction au tabac est banalisée, explique-t-il, alors qu’elle est le fil rouge. Les patients, qu’ils soient dépendants à l’alcool, à l’héroïne ou au cannabis ont en commun, pour 90 % d’entre eux, d’être dépendants au tabac. » Le tabac est d’ailleurs la première cause de mortalité du malade alcoolique. Pour de nombreux patients, l’hospitalisation est donc une opportunité pour stopper ou réduire leur consommation de tabac.

Dans le service d’addictologie de l’EPSM de la Sarthe, la question de la dépendance tabagique est systématiquement posée à tous les patients, lors du premier entretien ou de l’admission. « À la suite de ce conseil minimal, 5 % des patients initient une démarche, rapporte l’infirmier. Un “testing CO” pour mesurer le niveau d’intoxication du patient est également effectué de façon systématique. En outre, l’infirmier tabacologue anime une réunion hebdomadaire, “info tabac”, obligatoire pour tous les patients, sous la forme d’un quiz ludique. Il propose également une substitution nicotinique ponctuelle, notamment pour réguler les consommations nocturnes.

Pour les patients demandeurs, un accompagnement au sevrage est mis en place durant leur séjour, avec une consultation infirmière hebdomadaire. Un suivi est ensuite instauré. L’infirmier tabacologue évalue les difficultés rencontrées, la motivation du patient. Il renforce, au besoin, sa démarche, et travaille avec lui sur les changements dans ses habitudes de vie. Chaque année, l’activité tabacologique du service représente 250 entretiens annuels et 150 patients sont sensibilisés via l’info tabac.

* Établissement public de santé mentale.