Objectif Soins n° 248 du 01/09/2016

 

Qualité Gestion des risques

Anne-Lise Favier  

Manutention des patients, des équipements, du matériel, utilisation de chariots, marche quotidienne, piétinement… Le quotidien des soignants n’est pas de tout repos. Avec un risque inhérent à la pratique du soin, celui lié aux postures, qu’il convient de combattre pour une meilleure qualité de vie au travail des soignants.

Marie est infirmière en établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR) dans le Pas-de-Calais. Chaque jour, elle parcourt des kilomètres(1) pour rallier les différentes chambres qui composent le service où elle travaille. Elle traverse plusieurs couloirs situés sur deux étages. Avec la prise en charge quotidienne des patients, qui sont pour certains dépendants, son activité physique de la journée s’apparente à une épreuve de force.

CONDUITES À RISQUE

Pousser des chariots chargés de matériel, déplacer des lits ou d’autres équipements, aider un patient à se mouvoir, le soulever pour un soin… Marie l’avoue : tous ces gestes finissent par la fatiguer.

Car, malgré les progrès réalisés dans l’aménagement des postes de travail, l’activité physique des soignants reste l’une des principales causes d’accidents du travail, de maladies professionnelles ou d’inaptitudes au travail. Bien sûr, les facteurs de risque dépendent de l’individu et de son environnement physique, mais également du choix mené dans l’organisation d’un service de soins. Les gestes répétés, la cadence, le rythme de travail, les niveaux d’efforts ainsi que les contraintes liées aux situations de travail mènent bien souvent à des conduites à risques.

LE SPECTRE DES TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES

D’après l’enquête SUMER 2010(2), les infirmières et aides-soignantes figurent parmi les professionnelles les plus concernées par le port de charges lourdes. Ces gestes de portage répétés entraînent fatigue et douleurs. Ils provoquent également des accidents traumatiques (déchirement musculaires) ou des atteintes de l’appareil locomoteur, comme les lombalgies ou les troubles musculo-squelettiques (TMS).

Ces derniers représentent l’un des sujets parmi les plus préoccupants de la médecine du travail : c’est la première cause de maladies professionnelles indemnisées et la première cause de journées d’arrêts de travail.

D’après l’Institut national de veille sanitaire, les troubles musculo-squelettiques et les lombalgies représentent 83 % des maladies professionnelles reconnues par le régime général....