Colloque De réformes en réorganisations, à l’heure du GHT, les missions évoluent. À l’occasion des 14es Journées nationales d’étude des directeurs de soin, une table ronde a fait le point sur les nouveaux exercices et le positionnement du métier.
« La mission du directeur de soin (DS) est inhérente à son affectation, chacune avec ses spécificités », rappelle Jean-René Ledoyen, responsable de la filière DS à l’EHESP. Les mutations actuelles du système engendrent inévitablement de nouveaux positionnements. « Au sein des ARS, depuis le 1er janvier 2016, nous avons vécu avec le GHT un tsunami comparable à ce qu’ont dû connaître les régions il y a peu », note Geneviève Delacourt, conseillère technique à l’ARS Normandie. Un rôle important de conseil, mais sous-utilisé selon la DS : « On ne fait pas assez appel à nous, alors que chaque région compte un conseiller technique et un conseiller pédagogique, un réseau au service des DS ! Cette dimension territoriale de notre fonction devient de plus en plus importante. »
Anne-Marie Doré, longtemps conseillère technique nationale à la DGOS, précise, sur l’évolution de la profession : « Nous avions une mission vraiment transversale, que nous avons perdue au fil des réformes et des externalisations. J’étais par exemple chargée de réaliser des statistiques sur le métier, les concours. Mission qui est passée au Centre national de gestion à sa création. Nous avons cependant conservé notre casquette d’expert. » Face au tsunami des réformes, les DS s’adaptent. « Notre job est d’orienter, de contribuer à la décision, mais aussi d’aller vers la nouveauté, en prenant soin de notre équipage », assure Pascal Dufour, coordinateur général des hôpitaux de Chartres (Eure-et-Loir), qui s’est vu remettre la responsabilité de quatre établissements supplémentaires. La mobilité, il connaît. « Je me déplace à une heure de Chartres pour voir les équipes, car il est primordial pour moi d’être sur le terrain. Ces nouvelles attributions posent des questions évidentes : à une direction commune s’ajoute la dimension de la hiérarchie. Comment contribuer à améliorer les choses ensemble ? », souligne le DS, qui envisage ces changements comme une chance de valoriser ce qui se fait ailleurs, et de « travailler à une organisation et un management partagé ». Autres problématiques mais toujours adaptation nécessaire dans les écoles. « On doit savoir déléguer, en confiance », affirme Dominique Auguste, coordonnateur général des instituts de formations paramédicales du CHU de Limoges (Haute-Vienne). De cinq directeurs pour six instituts de formations et 800 étudiants en 2005, le CHU est passé à un seul directeur aujourd’hui. CQFD. « Depuis 2014, en sus de la pédagogie, on touche à l’organisation générale. Le DS investit de plus en plus le champ stratégique et politique, en participant par exemple au vote du budget dans le cadre de la procédure contradictoire. »
Mais, au cœur de la réflexion, il y a la passion. « La première question que je me suis posée en intégrant ce poste, fut : comment faire vivre mon métier de DS ici ? Ma voie est maintenant celle de l’enseignement », assure Jean-René Ledoyen. Il a ainsi accompagné plus de 300 “collègues”, et mis en place le double cursus leur permettant d’obtenir un master. Aller à la rencontre des hôpitaux qui sollicitent des formations, à l’étranger dans le cadre de délégation… l’école a aujourd’hui une assise internationale et « cette position, je peux la représenter car j’ai votre confiance, celle du terrain », conclut Jean-René Ledoyen.