Objectif Soins n° 249 du 01/10/2016

 

Actualités

Aveline Marques  

Alzheimer De plus en plus de maisons de retraite appliquent la méthode Montessori adaptée aux personnes âgées souffrant de troubles cognitifs. La démarche met en avant les capacités préservées des résidents et redonne du sens au travail des soignants.

Initiée en 1896 par la première femme médecin d’Italie, développée dans des écoles spécialisées au siècle suivant, la pédagogie Montessori insuffle désormais sa “positive attitude” dans les couloirs des Ehpad. C’est le Pr Cameron Camp, éminent neuropsychologue américain, qui, dans les années 1990, a eu l’idée d’adapter cette méthode éducative aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Suivant la devise “aide-moi à faire seul”, la philosophie Montessori incite à se focaliser sur les capacités préservées du résident, plutôt que sur les troubles et perte d’autonomie causés par la maladie. La personne atteinte de démence est alors considérée non plus comme un malade, mais comme une personne normale souffrant d’un handicap, qu’il faut accompagner dans les difficultés du quotidien. On l’aide à reprendre le contrôle de sa vie.

Une approche “révolutionnaire” qui a conquis en 2010 Didier Armaingaud, directeur médical, éthique et qualité du groupe Korian(1). « Avec la maladie d’Alzheimer, traditionnellement, le vécu est difficile. C’est la première fois qu’on tient un discours inverse : quel que soit le niveau de perte d’autonomie, il y a toujours des compétences, des capacités qui sont préservées et sur lesquelles on va pouvoir développer un projet de vie », expose le médecin. La méthode Montessori est aujourd’hui portée par des “ambassadeurs” dans quelque 150 des 290 maisons de retraite médicalisées détenues par le groupe Korian en France, avec un objectif de généralisation d’ici à 2020. En 2015 et 2016 - année de déploiement d’un programme en faveur des thérapies non médicamenteuses - 2 000 collaborateurs ont été formés(2). « On voit les fruits dès la première année, affirme Didier Armaingaud. Avant, dans les établissements, la journée était rythmée par deux, trois activités. Aujourd’hui, il y a de la vie. Les gens sont en permanence engagés dans des actions. Des choses simples, comme dresser la table, ranger son linge, etc. » Autre bénéfice observé : la diminution des troubles du comportement. « L’esprit est occupé, il y a donc moins d’agressivité, de déambulations, développe le directeur médical. Les soignants peuvent être amenés à proposer un allègement des traitements psychotropes. » Ces derniers « ont le sentiment de venir en aide à une communauté ». L’Ehpad n’est plus seulement un lieu de soin, mais un lieu de vie à part entière.

(1) La méthode est également déployée depuis cette année dans les établissements du groupe Colisée.

(2) L’organisme de formation AG&D a l’exclusivité en Europe.