Objectif Soins n° 249 du 01/10/2016

 

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Françoise Vlaëmynck  

Affaire En 2011, l’AP-HP a perdu 80 millions d’euros en changeant de logiciel de gestion. Mais ce n’est pas tout. Un rapport de la Chambre régionale des comptes d’Île-de-France qui a passé au crible les comptes de l’institution entre 2010 et 2015, révèle bien d’autres errements…

L’affaire est révélée par Le Canard enchaîné du 5 octobre dernier. Selon la Chambre régionale des comptes d’Île-de-France, qui a rendu en mai dernier son rapport sur la gestion de l’institution entre 2010 et 2015, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) aurait définitivement “perdu” 80 millions d’euros de créances.

La petite “histoire”

Tout cela à cause d’une colossale boulette due à la bascule informatique du logiciel de gestion opérée en 2011, qui a écrasé les données de facturation.

On apprend également que, chaque année, 45 millions d’euros de créances en moyenne ne seraient pas recouvrés. La Chambre régionale des comptes pointe aussi le retard de déploiement du logiciel Orbis qui gère le dossier patient unique et partagé. Lancé en 2008, Orbis aurait déjà coûté la bagatelle de 130 millions d’euros, mais seuls trois établissements sur les 39 que compte l’AP-HP l’ont adopté…

Un ancien directeur générale visé

Le rapport pointe aussi les émoluments de Mireille Faugère, directrice générale de l’établissement public de septembre 2010 à novembre 2013.

Grâce à un “courrier ministériel” d’octobre 2010, le salaire annuel de la directrice générale est passé de 200 000 euros brut par an, salaire que percevait son prédécesseur et que perçoit également son successeur, à 300 000 euros. 40 % d’augmentation de salaire en un trait de plume, les agents de la fonction publique hospitalière apprécieront le tour de force !

À son départ, l’ex-directeur général a aussi touché une prime de licenciement de 125 000 euros, au lieu des 25 881 euros auxquels elle pouvait légalement prétendre. Bref, en trois ans, ce traitement de faveur s’est chiffré à 530 000 euros.

Et d’autres manœuvres

D’autres également ont plutôt bien vécu des largesses de l’AP-HP sous l’ère Faugère…

Ainsi, des officines de coaching et autres cabinets conseil qui gravitaient autour de la gouvernance ont perçu 3,7 millions d’euros pour délivrer leurs précieux avis ou des rapports hautement stratégiques, par exemple une analyse sur les parts de marché de chaque établissement de l’institution. Une étude qui était pourtant produite chaque année - gratuitement - par l’Agence nationale d’appui à la performance.

Enfin, alors que l’AP-HP avait passé un contrat avec le ministère de la Santé du Brésil pour former des médecins à la médecine de catastrophe, en vue de la préparation du mondial de foot en 2014, 230 000 euros, sur les 600 000 euros facturés, se sont envolés en billets d’avions - une quarantaine d’allers-retours en business class - entre la France et le pays de Pelé et des nuits dans des hôtels quatre étoiles. Comme le souligne Le Canard enchaîné, « et, pendant ce temps, le personnel compte chaque seringue et chaque compresse… ».