Objectif Soins n° 249 du 01/10/2016

 

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Aveline Marques  

Carrière Le nombre de directeurs de soin (DS) en exercice ne cesse de chuter chaque année. Pour renforcer l’attractivité de la fonction, employeurs, formateurs et professionnels se sont unis pour proposer un plan d’action.

Ils étaient 923 en 2010 et plus que 806 en 2014. Membre de l’équipe de direction, président de la commission des soins infirmiers, de rééducation et médico-technique, jouant un rôle clé dans l’organisation, la sécurité, la qualité des soins et dans la formation paramédicale, le DS serait-il en voie de disparition ?

Alertés par la diminution régulière des effectifs, la Fédération hospitalière de France (FHF), l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et l’Association française des directeurs de soins (AFDS) ont conduit une étude pour comprendre les causes de cette désaffection pour la fonction.

Un corps vieillissant

Car ce sont les candidats qui font défaut : sur la période 2011-2016, moins de 55 % des postes proposés en formation à l’EHESP ont été pourvus. Accessible par concours, d’une durée d’un an, localisée à Rennes (Ille-et-Vilaine), la formation peut faire peur, d’autant plus pour un professionnel déjà en troisième partie de carrière. En effet, le DS est bien souvent un (e) IDE(1), passé (e) cadre de santé puis cadre supérieur de santé.

Étant donné les durées minimales d’exercice requises pour gravir la hiérarchie paramédicale(2), les DS ont en moyenne 55,3 ans… et sept ans d’exercice devant eux avant la retraite. Résultat : les nouveaux venus dans le corps ne suffisent pas à compenser les départs à la retraite.

Les établissements pallient les postes vacants en recourant à des cadres supérieurs de santé (CSS) faisant fonction. « Dans le groupement hospitalier de territoire (GHT) du Hainaut-Cambrésis (Nord), sur les six établissements qui comptent plus de 1 000 lits, il n’y a que deux DS, témoigne Marie-Chantal Guillaume, coordinatrice générale des soins du centre hospitalier de Valenciennes. Dans les autres établissements, ce sont des cadres qui ont été positionnés. »

La FHF déplore que le dispositif des faisant fonction, qui doit pouvoir « répondre à un problème local, pour un temps transitoire », devienne « organisé ». En cause, notamment : la faible différence de rémunération entre les grades de CSS et de DS, qui peine à convaincre les premiers à s’engager dans une longue formation à l’issue incertaine.

Valoriser l’expérience

L’enjeu est donc de repenser l’ensemble des carrières de l’encadrement paramédical. Afin de rajeunir le corps des DS, la FHF, l’EHESP et l’AFDS souhaitent faciliter l’accès à la fonction directrice pour les cadres de santé, en réduisant à trois ans la durée d’exercice minimale requise, contre cinq actuellement. « Le cadre de santé peut passer le concours de DS, réaffirme Stéphane Michaud, président de l’AFDS. Beaucoup pensent qu’il faut impérativement être cadre supérieur. » « Il est important aussi de valoriser l’action des CSS, estime Cécile Kanitzer, conseillère paramédicale à la FHF. Dans certains établissements, en tant que responsable de pôle, ils gèrent un nombre d’ETP aussi important, voire plus important, que certains DS. » Pour que le grade de CSS ne soit pas qu’une étape “obligée” vers le grade supérieur, les partenaires proposent de créer une ingénierie de la fonction, en élaborant des référentiels d’activités, de compétences et de formation.

Alors qu’en Angleterre, en Belgique ou en Suisse, l’avancement de carrière se fait à la fois par l’expérience et par les opportunités offertes par l’employeur, le fonctionnaire français souhaitant devenir DS doit passer un concours d’accès à la formation et un concours d’accès au grade. Il conviendrait donc de mettre en place un concours unique, qui valorise mieux l’expérience(3). Augmenter le nombre de candidats au concours passera aussi par une régulation - voire une suppression ? - du dispositif des faisant fonction. Enfin, il faudra valoriser la rémunération des DS à un niveau équivalent des autres cadres de direction. Un impératif à l’heure où ces derniers sont appelés à jouer un rôle de coordination des parcours au sein de GHT.

(1) 73,2 % des DS sont des femmes, contre plus de 85 % des IDE.

(2) Il faut exercer au moins cinq ans en tant qu’IDE pour devenir cadre de santé, puis cinq ans en tant que cadre pour devenir DS.

(3) Il s’agirait par exemple de remplacer dans le concours la note de synthèse par un cas concret.