Politique L’amélioration de notre système de soins est l’un des axes forts des programmes des candidats déclarés à l’élection présidentielle. Parcours d’horizon de leurs propositions phares.
Quand la santé va, tout va ! Si ce dicton fait l’unanimité, ce n’est pas le cas des projets en matière d’amélioration de notre système de soins : chacun des candidats à la présidentielle défend une approche particulière, même s’ils s’entendent sur certains points, comme la nécessaire réorganisation territoriale de l’offre de santé pour mieux couvrir l’ensemble du pays.
Si, à l’heure à nous bouclons ce magazine, les candidats de gauche ne sont pas tous déclarés, le programme du parti socialiste est quant à lui bien connu depuis le début du quinquennat. « Des soins accessibles à tous » est son leitmotiv, et l’action du gouvernement vise à corriger les facteurs d’inégalités sociales via, notamment, la loi de modernisation du système de santé adoptée par le Parlement en décembre 2015. Marisol Touraine s’érige contre la privatisation du système voulue par la droite et défend son bilan en soulignant que 15 millions de Français peuvent maintenant bénéficier du tiers payant généralisé chez le médecin, un million de personnes de plus ont droit à la CMU et 1,5 million ont vu leurs franchises médicales supprimées.
Jean-Luc Mélenchon, porteur du programme “L’avenir en commun”, a récemment réagi sur son blog à la grève des personnels hospitaliers en déclarant qu’« il faut arrêter de faire des économies dans un secteur pareil car ce sont des économies qui tuent », les patients comme les personnels « qui n’en peuvent plus de travailler dans des conditions pareilles ».
Pour le candidat du Front de gauche, le système de santé publique « fonctionne grâce au dévouement des salariés » et leurs conditions d’exercice doivent donc être au centre des attentions. Il se place donc naturellement aux antipodes du gagnant de la primaire de la droite, François Fillon.
Emmanuel Macron a dévoilé sa vision dans le domaine de la santé – un système qu’il juge assez déficient en France malgré une excellence scientifique et académique – à l’occasion de la clôture de la 8e édition de la Convention on Health Analysis and Management (CHAM) le 1er octobre dernier. Plutôt qu’une nouvelle réforme, il prône la « restauration de la confiance » pour tendre vers une réduction des inégalités entre territoires et entre catégories socio-professionnelles. Il promeut des structures de santé souples, capables de s’adapter localement en fonction des spécificités des territoires et la responsabilisation des acteurs de santé. Leurs tâches doivent être décloisonnées et les budgets revus sur le long terme pour les inciter à dépasser le cadre annuel, pour sortir d’un système « désincitatif au changement », sous l’autorité de plusieurs ministères.
François Fillon affirme vouloir supprimer 500 000 postes de fonctionnaires. Pour le candidat des Républicains, « tous les Français doivent pouvoir se soigner » et « il est nécessaire de réformer en profondeur un système coûteux, complexe et piloté de façon peu efficace », peut-on lire dans son programme. Cela passera par une meilleure répartition des médecins sur le territoire et une meilleure coordination ville-hôpital, le rétablissement des 39 heures à l’hôpital et la suppression du tiers payant généralisé, mais aussi l’imposition de l’équilibre des comptes de l’Assurance maladie ou encore la focalisation de l’assurance publique universelle sur les affections graves ou de longue durée, l’assurance privée se chargeant du reste.
Marine Le Pen défend quant à elle l’idée d’une lutte contre la fraude qui permettrait « de diviser le coût global actuel [des dépenses de santé] par quatre en cinq ans, soit 15 milliards d’économies » en mobilisant la Sécurité sociale, les médecins, les collectivités et services fiscaux sous l’autorité d’un secrétariat d’État à la lutte contre la fraude. Dans le cadre de la restauration de l’équilibre des comptes sociaux, le Front national souhaite supprimer l’aide médicale d’État réservée aux migrants clandestins. Favorable à un meilleur maillage territorial de l’offre de soins et au plafonnement des dépassements d’honoraires du secteur 2, ce parti entend aussi geler le montant du forfait hospitalier et les taxes sur les mutuelles de santé.
La campagne électorale bat son plein et tous les candidats ne sont pas encore déclarés. Nous reviendrons donc de manière plus affinée sur ces programmes dans les prochains numéros.