Qualité de vie au travail : la stratégie du ministère déçoit - Objectif Soins & Management n° 251 du 01/12/2016 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 251 du 01/12/2016

 

Actualités

Caroline Coq-Chodorge  

Plan national Pour apaiser le malaise à l’hôpital, la ministre a dévoilé une stratégie d’amélioration de la qualité de vie au travail. Mais elle ne répond pas au manque d’effectifs et de reconnaissance.

« Je suis profondément déçue, lâche Martine Sommelette, la présidente du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). Nous essayons d’expliquer que les soignants, dans les hôpitaux, croulent sous le travail, en raison du manque d’effectifs, qu’ils sont en souffrance et en manque de reconnaissance. Et on va mettre en place un observatoire ? On va aider les cadres à mieux gérer la crise ? Il y a un refus de regarder la réalité en face… »

« Prendre soin de ceux qui nous soignent »

Avec sa stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail, dévoilée lundi 5 décembre, la ministre de la Santé Marisol Touraine assure pourtant vouloir « prendre soin de ceux qui nous soignent ». Et répondre ainsi à l’émotion soulevée par la série de suicides qui a touché le monde infirmier cet été, et à sa forte mobilisation le 8 novembre dernier.

Les mesures phares

Cette stratégie comprend dix engagements. Sera par exemple mis sur pied un Observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux des professionnels de santé.

Dans les établissements, des médiateurs seront nommés en cas de conflit : pour les personnels non médicaux, ce seront des cadres supérieurs. Mais en cas d’impasse, il sera possible de faire appel à un médiateur régional, médecin, directeur ou soignant volontaire.

Chaque groupement hospitalier de territoire (GHT) devra à l’avenir disposer d’un service de santé au travail. Les formations initiales et continues vont intégrer de nouveaux modules sur la qualité de vie au travail.

Le management sera formé à « la gestion et l’animation d’équipes », « la résolution de conflits et la conduite de projets », disposera « d’outils pour mieux évaluer la charge en soins »… Pour les cadres, « l’échange entre pairs » doit se développer. Ils seront aussi formés, dans tous les établissements, aux logiciels de gestion informatisés des plannings.

Enfin, les formations et l’accompagnement des faisant fonction de cadres doivent devenir « systématiques ».

Un contexte peu favorable

Côté formation, « on peut toujours améliorer les choses, admet Martine Sommelette. Mais l’Agence nationale de formation hospitalière vient de perdre une partie de son budget. Où est la logique ? ». « Il y a quelques points positifs, mais le problème reste le contexte, renchérit Thierry Amouroux, secrétaire général du syndicat de cadres SNPI CFE-CGC. On subit des plans d’économies successifs, l’hôpital devra faire 3 milliards d’euros d’économies en 2017. Et on nous annonce un effort de 30 millions d’euros sur trois ans en faveur de la médecine du travail… »