Journées d’étude Du 15 au 17 janvier 2017, plus de 3 500 professionnels de santé ont participé aux Journées Plaies et Cicatrisations 2017 organisées par la Société française et francophone plaies et cicatrisations (SFFPC) au Palais des Congrès à Paris.
Selon la base de données de la Sécurité sociale, les plaies coûteraient 1 milliard d’euros par an en ville. Mais, selon le Dr Kerihuel, directeur scientifique de la société Vertical, c’est une fourchette basse. « On est sûrement plus proche de 2 milliards à mon avis. » Il impute cette sous-estimation aux difficultés rencontrées dans les études épidémiologiques, comme celles des définitions, pas toujours faciles à appliquer à la vie réelle. « Quand commence-t-on à parler de plaie ? À partir de quelle quantité de perte de substance ? »
Autre difficulté, la base de données de la Sécurité sociale qui ne possède pas de code pour les plaies. Des algorithmes ont été établis, mais il les juge mal adaptés : « Les plaies et en particulier les plaies chroniques sont définies par la prescription, chez les plus de 20 ans, de plus de vingt pansements consécutifs sur deux mois. Si j’ai un ulcère que je ferme avec simplement un ou deux soins par semaine, il ne va donc pas rentrer dans mon évaluation. »
Avec les attaques terroristes qui ont touché la France ces deux dernières années, les soignants ont dû modifier leur approche dans la prise en charge de ces plaies. « La criminalité urbaine utilise des armes de poing, c’est-à-dire des couteaux ou des pistolets par exemple », explique le Pr Emmanuelle Masmejean, chirurgien à l’HEGP, hôpital parisien qui a pris en charge une quarantaine de victimes des attentats. « Le projectile ne fait de lésions que sur le trajet du projectile. Par exemple, si la balle touche le tibia, cela ne va toucher que le tibia (…). La différence avec les attaques terroristes qu’on a vécu, c’est que ce sont des armes de guerre. La particularité, c’est qu’il y a des projectiles secondaires. Si la balle de kalachnikov touche un tibia, vous avez des projections qui sont autant de micro-projectiles qui vont léser les choses. »
« La plaie au cinéma s’inscrit dans une tradition assez ancienne de l’histoire de l’art où la violence a toujours été perçue comme un élément dramatique très fort et très efficace (…). C’est la base de la dramaturgie. Si vous voulez avoir une histoire qui intéresse, il vous faut un conflit, souvent violent, d’où le risque de blessure », raconte Emmanuel Raspiengeas, critique pour le cinéma. Au fil du temps, les plaies au cinéma deviennent de plus en plus réalistes et leur rôle s’étend jusqu’à devenir des révélateurs de maladies, des outils narratifs pour transmettre des messages, comme dans Seven où elles servent à montrer la cruauté du tueur. L’apparition de la science-fiction a également trouvé une nouvelle mission aux plaies, celle de « mettre en balance le robot et l’être humain », comme dans Terminator où la plaie trahit le robot. Cette évolution a néanmoins été marquée par un tournant particulier avec les deux guerres mondiales. « On va découvrir des blessures qu’on ne connaissait pas avant et, là où la peinture va partir vers quelque chose de plus abstrait, le cinéma va assumer le réalisme total qui est le sien. » Elles montrent aussi les conséquences dramatiques qu’a la guerre sur les soldats rescapés mais blessés. « La blessure devient une part de l’identité de ces anciens soldats, analyse-t-il, une identité extrêmement douloureuse. »