Précarité Des associations de lutte contre la pauvreté demandent un plan interministériel de lutte contre la pauvreté et une loi de programmation financière sur cinq ans. Avec un volet sur la santé.
« Il vaut mieux prévenir que guérir et l’Assurance maladie doit être accessible à tous », a résumé Yannick Le?Bihan, directeur des opérations France de Médecins du monde. Cette organisation non gouvernementale est en effet associée aux 38?associations du collectif Alerte (animé par l’Unir les Associations pour développer les solidarités en France, Uniopss) qui ont planché sur cinq propositions pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion adressées aux candidats à l’élection présidentielle. Cinq propositions dont un volet entier consacré à la santé. Le collectif demande aux politiques – avec lesquels il a déjà commencé à s’entretenir – de s’engager vers une loi cadre, car il n’est pas possible de « lutter contre la pauvreté uniquement par des mesures sectorielles ou des propositions institutionnelles ».
Outre une réforme en profondeur des minimas sociaux, une politique ambitieuse de formation professionnelle et d’alternance, des investissements sociaux massifs et une politique du logement, la plateforme insiste sur son attachement au modèle actuel de sécurité sociale et son refus de toute privatisation. « Encore trop de gens sur notre territoire demeurent sans protection sociale, a insisté François Soulage, président d’Alerte et ancien président du Secours catholique. Le manque d’accès à la santé entraine une dégringolade très rapide et est un facteur d’inégalité considérable. »
Le collectif plaide donc pour un système accessible à tous et de manière inconditionnelle. « Il faut aussi intégrer l’Aide médicale d’état à la Protection universelle maladie afin de la rendre plus ac-cessible et éviter qu’elle soit remise en question tous les cinq ans, ajoute Yannick Le Bihan, rappelant que « le dispositif représente 700 000 millions de dépenses par an dans un budget de l’Assurance maladie qui dépasse les 152 milliards. Aligner le seuil d’accès à la couverture maladie universelle complémentaire sur le seuil de pauvreté est également indispensable pour dépasser les freins à l’obtention d’une couverture maladie de base. »
Les propositions du collectif soutiennent aussi l’encadrement des dépassements d’honoraires et l’affirmation du tiers payant, la promotion des maisons de santé de proximité, l’évaluation des permanences d’accès aux soins de santé (PASS) de ville et la confortation des PASS hospitalières, ainsi que l’implication des médiateurs en santé. « La PMI doit être à nouveau portée par l’État et ses dispositifs harmonisés sur tous les territoires, ajoute Yannick Le Bihan. Le suivi et la prévention de quelque 700 000 enfants en dépendent. »
Enfin, la plateforme s’intéresse aux difficultés spécifiques concernant la santé mentale : surreprésentation des affections psychiatriques parmi les populations sans domicile et les détenus, impact sur l’espérance de vie des populations concernées, faible coordination entre médecine psychiatrique et médecine générale, etc. « Il faut renforcer les dispositifs d’alerte et de prévention face aux troubles psychiques précoces », souligne Yannick Le Bihan. Notamment en formant les médecins généralistes mais aussi les services de santé en contact avec les enfants et les jeunes. Alerte propose également de « développer des centres incluant des services spécialisés en santé mentale de type maison des adolescents ». « Sans oublier que, pour accéder à la santé, il faut avoir un toit, un emploi et un accès au droit », conclut Yannick Le Bihan.