Objectif Soins n° 254 du 01/03/2017

 

Actualités

Claire Pourprix  

Élection La campagne présidentielle est un moment privilégié pour les associations de patients et d’usagers de l’hôpital. Saisissant cette opportunité, ils ont interpellé les candidats sur les sujets qui leur tiennent à cœur. Dans l’espoir aussi de se faire entendre de l’ensemble de la classe politique et de l’opinion publique pour défendre leur cause.

Pour 77 % des Français, les propositions faites par les candidats en matière de santé auront un impact sur leur vote aux présidentielles, d’après le Baromètre Santé?360 réalisé par Odoxa pour Ramsay générale de santé, Orange Healthcare et la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), rendu public le 27 février dernier.

Élections oblige…

Les candidats à l’élection présidentielle ont bien pris conscience de l’attente des électeurs dans ce domaine et ont intégré plus que par le passé la dimension santé dans leur programme… quitte pour certains à changer de cap au cours des derniers mois pour satisfaire aux souhaits du plus grand nombre.

Pour les associations de patients et d’usagers de la santé, c’est l’occasion rêvée de pouvoir faire entendre enfin leurs revendications.

Douleur

Ainsi, le 31 octobre dernier, la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), l’Association francophone pour vaincre les douleurs (AFVD) ainsi que l’Association fibromyalgie France ont appelé, à l’occasion d’une tribune publiée dans Le Monde, le futur Président de la République à « écrire un nouveau chapitre de la lutte contre la douleur » à travers la mise en œuvre de mesures concrètes. AIDES, de son côté, s’est offusqué le 12 janvier de la proposition de François Fillon de supprimer l’AME (aide médicale de l’État), dispositif d’accès aux soins des personnes étrangères en situation irrégulière.

Accès aux soins

Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui regroupe 43 associations de patients et d’usagers de la santé, a rédigé cinq thèmes de mobilisation « pour améliorer l’accès aux soins et à la santé pour tous » : les déserts médicaux, les restes à charge, la pertinence des soins, le prix des médicaments innovants et la santé publique pour mettre au cœur de notre système la prévention et l’éducation.

Timides interventions auprès des candidats

Des fiches et vidéos sont consacrées à chaque thème, disponibles sur le site www.66millionsdimpatients.org. Le tout signé du hashtag #PayeTaPolitiqueSanté, afin que chacun s’en empare pour les communiquer autour de soi par le biais des réseaux sociaux et pour interpeller les candidats.

Cependant, dans les faits, rares sont finalement les Internautes à avoir saisi l’opportunité d’interpeller les candidats via ce site : François Fillon et Emmanuel Macron ont été les plus interpellés – une grosse vingtaine de fois seulement. Le CISS ne s’est pas démonté et a fait le job de son côté. « Nous avons adressé des courriers aux candidats et, chaque mercredi du mois de mars, nous publierons leurs réponses, explique Marc Paris, responsable de la communication du collectif. En période électorale, nous avons une écoute attentive. Les thèmes que l’on porte ne sont pas nouveaux, mais il nous semble important qu’on les retrouve bien dans les programmes des candidats. » L’enjeu est de taille : selon le Baromètre 360, si le taux de satisfaction des patients français est le plus élevé d’Europe, à 86 %, la sante constitue toujours une attente extremement forte a l’egard des pouvoirs publics. Il s’agit de ne pas les décevoir à l’avenir.

Des préoccupations non entendues

La Mutualité Française a lancé en décembre dernier le site participatif placedelasante.fr pour inviter les Français aux échanges et au débat en matière de santé, et à interpeller les candidats à l’élection présidentielle. Dans la continuité, elle a organisé le 21?février dernier un rassemblement invitant les candidats à réagir aux préoccupations des électeurs et à présenter leur projet en matière de santé et de protection sociale. À cette occasion, elle a réalisé une enquête via Harris Interactive, institut d’études marketing et de sondages d’opinion, qui révèle que 61 % des Français estiment que notre système de santé fonctionne bien, mais 68 % d’entre eux se disent pessimistes quant à son avenir. Ils sont 72 % à penser que les candidats ne s’intéressent pas assez à la santé et que leurs propositions ne collent pas à leurs préoccupations personnelles. Pour les Français, protection sociale et accès aux soins pour tous sont la priorité.