Objectif Soins n° 257 du 01/06/2017

 

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Sandra Mignot  

Gestion Les conséquences de l’absentéisme pèsent sur les agents, sur la qualité du soin mais également sur les cadres de santé.

Je n’en dors plus la nuit, je me sens responsable de ce que je fais vivre aux infirmières. » C’est ce qu’une cadre a confié à Véronique Achmet, doctorante montpelliéraine qui présentait au Salon Infirmier les premières observations de sa thèse consacrée aux modalités de gestion de l’absentéisme à l’hôpital. « Les cadres sont stressés, a-t-elle observé, et peuvent éprouver un sentiment de culpabilité lié au peu de marge de manœuvres dont ils disposent pour gérer ce phéno-mène. »

Dans un contexte de restriction de budget et d’amélioration de la performance, les cadres ne peuvent s’appuyer que sur la flexibilité interne du personnel. Véronique Achmet, qui étudie la situation au sein de quatre établissements de soins français, distingue quatre modalités d’action. L’auto-remplacement consiste à rappeler les agents qui sont en repos. L’auto-ajustement des plannings va plutôt chercher à étirer les horaires de chacun pour couvrir l’absence du collègue. La mobilité interservices réside dans l’appel à un soignant disponible dans un autre service. Enfin, les pools de remplacements permettent d’avoir des agents en surplus qui interviennent à la demande.

« Peu de ces solutions sont satisfaisantes, souligne Véronique Achmet. Même les pools qui sont souvent de petite dimension, et dont peu d’établissements disposent. » Le résultat, ce sont des IDE dont les horaires de travail grimpent en flèche. « On observe même un présentéisme qui exerce un impact sur la qualité de vie des agents, et parfois – notamment en cas de mobilité interservice – l’émergence d’un sentiment d’inutilité, quand un soignant doit travailler dans un service qu’il ne connaît pas. »

Une baisse de la qualité des soins est mentionnée dans nombre des entretiens réalisés, même si le sujet demeure tabou. « Le risque de mise en danger du patient est réel », souligne la doctorante en sciences de gestion, évoquant un épisode de chimiothérapie « administré en une heure trente au lieu de huit, qui a failli coûter la vie à un patient ».

Parmi les solutions ébauchées, à ce stade de l’analyse : une meilleure connaissance des limites physiques et psychiques du personnel, un travail conjoint des cadres autour de leurs méthodes de gestion de l’absentéisme afin de relativiser leur sentiment de culpabilité, l’élaboration de projets de gestion collective de ce problème.

Présentes dans l’assistance, deux cadres ont témoigné de l’expérience du groupe hospitalier de la Rochelle. Là les financements, auparavant utilisés pour l’intérim, ont été versés dans un pool cons-titué de soignants de l’établissement volontaires pour assurer des heures supplémentaires. « Nous avons gagné en qualité de travail, car ces agents sont formés afin de connaître l’essentiel du fonctionnement des services, a noté Isabelle Briatte, en charge de ce service. Mais les cadres sont stressées différemment. Elles doivent suivre très activement les plannings, calculer en permanence les charges de travail, etc. » Et l’absentéisme ne diminue pas pour autant…