Trajectoire Ministre de la Santé par deux fois, Simone Veil a mené des réformes qui ont considérablement modifié la vie des femmes et celle de la profession infirmière.
Évoquer Simone Veil, décédée à 89 ans le 30 juin 2017, c’est tout d’abord vouloir lui rendre hommage. Et lui dire merci. Pour son combat sur le devoir de mémoire de la Shoah, pour sa pugnacité à défendre le droit des femmes, pour l’exemplarité qu’elle incarnait. Ministre de la Santé de 1974 à 1979 du gouvernement de Jacques Chirac, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, puis ministre d’État, des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville du gouvernement d’Édouard Balladur, sous celle de Jacques Chirac, de 1993 à 1995, elle est surtout célèbre pour avoir porté à bout de bras et dans une grande solitude la loi dépénalisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975. Simone Veil a non seulement permis aux femmes de conquérir le droit de donner naissance - ou pas -, mais a aussi sauvé nombre de vies. Avant que la loi qui porte son nom soit promulguée, on dénombrait en France 300 000 avortements clandestins, et 300 femmes en mourraient chaque année.
Réputée pour son caractère et sa détermination, Simone Veil était aussi une femme d’écoute et de dialogue. Elle a, comme ministre de la Santé, profondément marqué la profession infirmière. « C’est la meilleure ministre que nous ayons eue, affirme Catherine Duboys Fresney, directrice des soins
Lors de son second mandat à la tête d’un grand ministère des Affaires sociales, dont Philippe Douste-Blazy était le secrétaire d’État chargé de la Santé, d’autres textes structurants pour la profession ont été adoptés. C’est le cas notamment du décret sur les règles professionnelles (décret n° 93-221 du 16 février 1993), qui a posé les bases d’un code de déontologie réclamé de longue date par la profession. Ces règles professionnelles, qui constituent un « guide » pour la profession, feront à nouveau l’objet d’un décret en 2016 (décret n° 2016-1605 du 25 novembre 2016), qui en reprend la trame tout en précisant certaines règles.
Pour Agnès Buzyn, actuelle ministre de la Santé et des Affaires sociales et ex-belle-fille de Simone Veil, elle était « un modèle de détermination et d’humanité au service des autres ». Une figure de l’histoire inspirante pour sa lointaine successeur qui a déclaré dans un communiqué qu’elle « s’inspirera de Simone Veil comme d’un exemple de ténacité et de droiture pour se montrer digne de ce symbolique passage de relais ».
*Catherine Duboys Fresney, infirmière générale, a travaillé au CHU de Rouen et de Caen puis comme conseillère technique au ministère de la Santé de 1989 à 1995. Elle a ensuite exercé comme directrice des soins à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul et à l’hôpital Trousseau la Roche-Guyon (AP-HP) et présidé l’Anfiide. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la profession infirmière.