Santé publique Le surpoids et l’obésité des enfants stagnent, maisla maigreur augmente. Telles sont les conclusions de deux études nationales transversales comparées dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 13 juin 2017.
En 2015, la prévalence du surpoids chez les enfants (de 6 à 17 ans) atteint 17 % (contre 18 % en 2006), sans variation significative selon l’âge ou le sexe. La prévalence de l’obésité se situe à 4 % (contre 3 % en 2006). Un chiffre qui apparaît stable dans cette comparaison entre l’Enquête nationale nutrition santé réalisée en 2006 et l’enquête Esteban datée de 2015. Ces données placeraient la France parmi les pays européens les moins concernés par l’obésité pédiatrique (pour les garçons notamment) et surtout loin derrière les États-Unis ou le Canada qui dépassent largement les 10 %.
« Nous n’avons pas les moyens de dire si ce sont là les effets du Plan national nutrition santé (PNNS), estime Benoît Salanave, épidémiologiste dans l’équipe de surveillance et d’épidémiologie nutritionnelle de Santé publique France. On observe des tendances similaires dans les autres pays européens. On peut tout de même penser que des actions de plus grande ampleur ont été entreprises en France et en Europe. » Le chercheur appelle néanmoins à développer davantage les volets du programme consacrés à la lutte contre la sédentarité.
Si les objectifs fixés par le Haut Conseil de la santé publique en 2011, « diminuer la prévalence de l’obésité et du surpoids chez les enfants et les adolescents », ne semblent pas atteints, les auteurs évoquent néanmoins une tendance à la baisse qui demande à être confirmée. « L’indice de masse corporelle moyen est globalement tiré vers le bas », observe Benoît Salanave. Ce qui explique peut-être la mise au jour d’une surprise : l’augmentation de la maigreur, passée de 8 à 13 % en près de dix ans. Cette évolution touche principalement les filles âgées de 11 à 14 ans (19,5 %).
« Il faut être vigilant et développer également un discours de prévention en direction des enfants qui pourraient être concernés par cette tendance, explique Benoît Salanave. Mais nous devons aussi souligner qu’il s’agit dans 80 % des cas de maigreur de grade 1, c’est-à-dire un indice de masse corporelle compris entre 17 et 18,5, ce qui correspond plutôt à la notion de minceur. La maigreur pathologique telle que l’anorexie par exemple, elle, n’a pas augmenté. »
Du côté des adultes, le surpoids et l’obésité stagnent également. Dans l’étude Esteban, 54 % des hommes et 44 % des femmes étaient en surpoids ou obèses en 2015. Des prévalences élevées contre lesquelles il convient toujours de se mobiliser.
À l’occasion de la nouvelle stratégie nationale de santé qui doit voir le jour d’ici la fin de l’année, Agnès Buzyn a annoncé parmi ses sept priorités la promotion d’une alimentation saine et de l’activité physique. Le quatrième PNNS, attendu pour fin 2016, est toujours en chantier
Parmi les 37 centres spécialisés de l’obésité qui existent en France, 6 ont été retenus par la Direction générale de l’offre de soins pour participer à l’expérimentation du parcours obésité pédiatrique sévère (Obepedia). Les villes d’Angers (Maine-et-Loire), de Bordeaux (Gironde), de Lille (Nord), de Lyon (Rhône), de Nancy (Meurthe-et-Moselle) et de Toulouse (Haute-Garonne) ont ainsi été sélectionnées. Obepedia visera à remédier aux difficultés globales d’accès au soin, en favorisant l’élaboration d’un projet de soins et d’accompagnement personnalisé incluant des coopérations multidisciplinaires (médecin généraliste, IDE, masseurs-kinésithérapeutes, diététicien, psychologue, assistant social, etc.) et une coordination de proximité entre l’hôpital et la ville. L’expérimentation pourrait concerner 80 à 100 patients par centre et par an, durant trois années. Elle devrait débuter en 2018. Un décret et un arrêté sont encore attendus concernant le financement pour ce projet qui est en gestation depuis 2014.