Objectif Soins n° 261 du 01/02/2018

 

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Claire Pourprix  

Politique Cadre de santé et directrice d’établissement, ces deux jeunes députées se sont engagées en politique, séduites par le programme d’Emmanuel Macron et poussées par l’envie de construire un monde meilleur. Rencontre.

Dans son bureau de Bron, près de Lyon, Anissa Khedher enchaîne les rendez-vous au pas de course. Avec une semaine partagée entre sa circonscription et l’Assemblée nationale, le temps est minuté : sa fonction de député mobilise toute son énergie, soirées et week-ends bien souvent compris. Un investissement personnel intense, pour une mission qui la passionne. Engagée en politique depuis 2008, comme conseillère municipale sans étiquette sur une liste PS, déléguée au handicap et à la santé, membre du centre social Les Taillis, du centre culturel Albert Camus et du centre communal d’action sociale de Bron, cette cadre de santé en psychiatrie de 37 ans a « tout de suite été en phase avec la vision transpartisane d’Emmanuel Macron. J’ai adhéré au mouvement En Marche ! en 2016 puis, en février 2017, j’ai candidaté aux législatives, et je me suis investie dans le comité local ». De tracts en réunions, les semaines ont été bien remplies, jusqu’à ce jour du 12 mai 2017 où Anissa Khedher a appris qu’elle était sélectionnée : « 19 000 candidatures pour 577 places et j’en faisais partie ! Cela a été un véritable chamboulement dans ma vie. »

De l’autre côté de la France, Audrey Dufeu-Schubert a vécu une aventure tout aussi incroyable. Animatrice du comité local d’En Marche ! dans sa ville natale de Saint-Nazaire, la directrice d’établissement d’un centre de soins de suite de réadaptation est venue à la politique à 37 ans, quand elle a découvert Emmanuel Macron. Jusqu’alors, elle avait vécu sa passion de la politique en spectatrice des débats : « J’ai beaucoup attendu pour envoyer mon dossier de candidature à la députation. Il a fallu le deuxième appel aux femmes de Macron pour que je me décide, fortement encouragée par mon entourage, confie-t-elle. Derrière ces hésitations, ma motivation était forte car je me sentais passive par rapport à l’adversité du monde qui m’entourait. »

Un regard neuf de citoyennes

Toutes deux font partie d’un groupe d’études regroupant une dizaine de personnels paramédicaux et médicaux à l’Assemblée nationale, pour porter la parole de la profession auprès des ministères de tutelle. Mais l’essentiel de leur travail de député n’a pas de lien direct avec leur cœur de métier.

Anissa Khedher est ainsi membre de la commission Défense : « Cela fait sens car dans ma circonscription nous accueillons l’École des armées et un camp régional de la Gendarmerie. De plus, la question des traumatismes psychiques m’intéresse particulièrement… » Elle est également membre de la Délégation de l’Otan, dans la commission Dimension civile de la sécurité : « En tant que soignante, je fais le grand écart… mais c’est tout l’intérêt d’une telle mission. »

Audrey Dufeu-Schubert est membre de la commission Expertise des comptes de la Sécurité sociale et de la commission des Affaires sociales. En parallèle, elle a entamé la 3e session nationale de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) sur les enjeux stratégiques maritimes pour un an. Son objectif est de gagner en compétences sur le sujet, car Saint-Nazaire dispose d’un important port maritime.

Avec leur regard frais de professionnelles de la société civile, elles ont le sentiment d’apporter un service à la nation, bien au-delà de la politique.

Un rôle affirmé après une période d’apprentissage

Toutes deux ont vécu une campagne éclair extrêmement dense. Portées par le raz de marée de la « macronmania », parfois dépassées par les événements. Elles assument pleinement leur manque d’expérience dans ce nouveau métier et une nécessaire phase d’apprentissage.

Audrey Dufeu-Schubert confie avoir été très surprise par la théâtralisation de l’opposition dans l’hémicycle : « J’ai appris à décoder ces postures partisanes. Mais moi je souhaite être authentique, car notre premier devoir est de redonner confiance aux personnes dans leurs responsables politiques. » Si elle a « quitté les blouses blanches pour le milieu des cravates noires », elle n’oublie pas sa profession. D’ailleurs, elle invite les cadres de santé à innover et à partager leurs projets avec leur député : « Nous avons un pouvoir législatif, mais aussi d’influence ! », rappelle-t-elle à leur intention.

Parcours

→ Diplômée en 2003, Anissa Khedher a travaillé à l’hôpital neurologique de Lyon de 2004 à 2008. À la construction de l’hôpital mère-enfant de Bron, elle a intégré le tout nouveau service de neuropsychiatrie. Elle a évolué dans un poste de faisant fonction de cadre, de nuit, puis réussi le concours d’entrée à l’école des cadres du Vinatier. En 2011, elle a un pris un an de disponibilité et autofinancé ses études : l’IFCS et, en parallèle, un master 1 en sciences humaines et éducation. Cadre de santé en service d’entrée à l’hôpital psychiatrique du Vinatier en 2012, puis au sein du service de bureau de coordination, elle a ensuite rejoint le nouveau centre d’urgences psychiatriques Rhône Métropole en juillet 2016.

→ Partie à 18 ans de sa ville natale de Saint-Nazaire pour intégrer l’école d’infirmières de la Croix-Rouge à Paris, Audrey Dufeu-Schubert a fait sa 3e année en apprentissage à la clinique Ambroise-Paré de Neuilly-sur-Seine, où elle est restée trois ans en chirurgie viscérale. Après trois ans au centre chirurgical Marie-Lannelongue du Plessis-Robinson, elle a rejoint sa région et été embauchée au centre de soins de suite de réadaptation Le Bodio, à Pontchâteau. Infirmière référente en hygiène puis responsable des soins, elle a ensuite repris ses études pour effectuer un master 2 de droit, économie, gestion : pendant deux ans, à raison d’une semaine par mois, elle a suivi des cours à l’université de droit Lyon 3. Diplômée début 2016, elle est devenue directrice du SSR Le Bodio.