Enjeux stratégiques et politiques de la simulation en santé

Dans notre établissement, les retours, en formation initiale ou continue, sont particulièrement positifs lorsque la simulation est utilisée, en particulier avec le débriefing qui permet une approche réflexive et favorise l'écoute active, élément de reconnaissance essentielle du soignant.

Dans une période de développement des collaborations territoriales, nous pensons que ce « phénomène simulation » nécessite une organisation réfléchie et concertée des centres de formation.

En effet, chaque établissement de santé souhaite, et cela se comprend, amplifier l'offre de formation avec une « dose de simulation » pour la rendre attractive et efficiente. Pourtant les initiatives unilatérales non seulement éparpillent les offres mais ne favorisent pas la performance publique, maître mot de l'ambiance managériale actuelle. Plus précisément, elles peuvent amoindrir la proposition pédagogique en qualité et quantité.

De notre point de vue, c'est une collaboration organisée, prenant en compte les spécificités de chaque centre, qui peut permettre une offre large, tous publics, correspondant aux besoins actuels.

En effet, à partir d'un socle commun, chaque site peut proposer ce qui le rend particulier voire novateur, et ce pour tout un territoire (GHT) ou un département, afin de construire un maillage adapté, collaboratif, pluridisciplinaire, réactif et professionnalisant.

Nous pensons que sans cette réflexion préalable, la concurrence entre sites ne sera pas une plus-value et ne participera pas à ce qui nous anime aujourd'hui : construire une organisation apprenante au service de nos usagers, les soignants d'aujourd'hui et ceux de demain !

Dès lors, si les principes fondamentaux d'une organisation apprenante méritent d'être rappelés, quelles sont les propositions pour tendre vers ce modèle et intégrer la simulation comme outil ?

Peter Senge ⁽¹⁾, un des concepteurs de l'organisation apprenante ou intelligente, a pu dégager les éléments de base traduisant les orientations managériales de ce type d'organisation « toujours en mouvement », qui développe les champs individuels, collectifs et intégratifs. L'intelligence de l'organisation est fondée sur l'apprentissage en continu de tous, permettant la remise en question, l'innovation et l'adaptation à l'environnement. Si les adaptations de concepts managériaux ont pu dériver sur des modèles « néo-fordistes » comme le lean management ⁽²⁾, car à nouveau fondées sur la recherche absolue de performance et de richesse, parfois au détriment de l'humain, ce projet porte en lui une utopie essentielle : faire le pari du savoir et de la qualité.

Les bouleversements numériques actuels ont apporté une formidable palette d'outils – dont la simulation mais aussi le e-learning, les serious games – au service du projet qui, pour notre secteur d'activité, est la qualité du soin. Pour tendre vers ce modèle, le développement de la simulation est un enjeu car il peut être le vecteur choisi pour modéliser la proposition. L'effet « mode » de cet outil peut être utilisé pour organiser le maillage territorial de l'apprentissage en se servant d'un moteur actuellement incontournable. Proposer sur un territoire un développement collaboratif de la simulation en santé est en effet non seulement une réponse aux besoins, une participation à la qualité du soin mais également la mise en action d'un modèle économique pertinent utilisant au mieux l'argent public pour le service public. C'est ce que nous allons tenter de mettre en œuvre au quotidien.