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Dans un entretien exclusif, la ministre des solidarités et de la santé expose sa vision du métier de cadre de santé et de ses évolutions. Propos recueillis par Karen Ramsay et Véronique Hunsinger.
Je le comprends car ils sont soumis, depuis quelques années, à une forte pression à l’activité. Cela a progressivement déstructuré des équipes. Les cadres de proximité se sont aussi parfois éloignés. On constate également que les patients sont de plus en plus exigeants.
C’est un besoin urgent. La T2A fait que les établissements sont en concurrence les uns avec les autres pour les activités les plus rentables et souvent au détriment de l’hôpital public.
Au sein des groupements hospitaliers de territoire (GHT), les établissements vont s’organiser entre centres de recours et centres de proximité. Des hôpitaux pourront être centre de recours pour une pathologie et centre de référence pour une autre. On pourra ainsi faire des économies d’échelle pour investir davantage sur les plateaux techniques.
Ce sont des parcours qui intègreront également les soins de ville. On mettra en place une tarification annuelle forfaitaire pour chaque partie prenante du parcours après avoir défini les examens et les actes dont le patient a besoin pour son suivi.
On constate une légère augmentation des effectifs sur les cinq dernières années. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas avoir une réflexion globale sur l’attractivité du métier. Certaines recommandations ont déjà été mises en œuvre avec la réforme statutaire de 2012 et il y a eu des revalorisations. Cette question fait partie du chantier que nous allons lancer sur les ressources humaines à l’hôpital et sur la formation.
Par la cohérence qu’ils assurent entre la politique des soins et leur projet d’établissement, les directeurs des soins sont un rouage essentiel. Dans l’attente d’une réflexion d’ensemble – et concertée – sur l’évolution du métier, des mesures statutaires ont été prises en complément de la mise en place du protocole PPCR.
Oui, en instaurant l’universitarisation de ces professions, nous les rapprochons de la recherche et permettons une nouvelle amélioration de la qualité des soins. Ce rapprochement avec l’université doit s’accompagner d’une réingénierie de la formation pour redéfinir les compétences de chacun. Je souhaite que les référentiels de toutes les professions de santé concernées soient revus d’ici 2019. Cela nécessite d’identifier quelques modules communs avec les autres formations, de permettre la mutualisation des enseignements – tout ceci afin de favoriser un travail en équipe interprofessionnelle.
La révision du métier socle des infirmiers est bien prévue, notamment dans le champ des vaccinations. La Haute Autorité de Santé a d’ailleurs été saisie pour donner un avis en ce sens. En fonction des avancées résultant de ces protocoles, des retours que nous aurons du terrain, nous pourrons envisager l’élargissement du métier socle. Mais ce qui me semble important dans cette question, c’est aussi la reconnaissance pleine et entière de l’infirmier en pratique avancée au grade de master. Celle-ci va faire sensiblement évoluer le champ des activités de la profession dans le domaine des pathologies chroniques.
Dès la rentrée 2018. C’est une véritable montée en compétences par la formation initiale et continue des professionnels que nous espérons avec cette réforme.
Nous avons voulu que cette réforme du système de santé soit globale, complète, profonde. Toutes les structures de soins sont concernées, et dans toutes leurs prérogatives dont la formation. Nous allons lancer une consultation auprès des établissements et professionnels pour recenser les problèmes et les points de vigilance. S’il est estimé que l’encadrement des stages doit en faire partie, nous inclurons ce sujet dans notre réforme.
La vaccination est un enjeu collectif et un enjeu déontologique dont les ordres doivent s’emparer. On ne peut pas soutenir l’argument de la liberté individuelle quand on risque de mettre en danger les autres. C’est antinomique avec la posture de soignant.