Objectif Soins n° 262 du 01/04/2018

 

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Héloïse Rambert  

SOINS PALLIATIFS

Des infirmières et aides-soignantes lancent une pétition à l’intention de députés qui veulent légiférer sur l’euthanasie. Elles y expliquent que c’est le non-respect de la loi existante qui fait le lit du mal-mourir. Elles demandent aussi plus de considération de leur rôle dans l’accompagnement des malades en fin de vie.

« Nous voulons allier nos forces pour nous faire entendre. Ce sont toujours les mêmes qui s’expriment sur la fin de vie : les politiques, les médecins ou les militants pro-euthanasie. Alors que c’est nous qui sommes constamment auprès des malades. C’est notre métier. » Marion Broucke est en colère. Infirmière en unité de soins palliatifs à l’hôpital Paul Brousse (Villejuif), elle est cosignataire, avec dix autres collègues, toutes infirmières et aides-soignantes en soins palliatifs, d’une pétition en réponse à un collectif de députés qui appelle à mieux encadrer la liberté de mourir. « Nous faisons le même constat qu’eux : on continue à mal mourir en France. Mais pas à cause de la loi Claeys-Leonetti, à cause de sa non-application », affirme l’infirmière.

La réponse immédiate à la situation, selon elle, n’est pas la légalisation de l’euthanasie, mais le respect de la loi qui existe déjà. « L’urgence, c’est la formation aux soins palliatifs de tous les médecins et tous les personnels soignants », martèle Marion Broucke. Elle souligne l’incompétence des soignants concernant ces soins, mais aussi « une certaine indifférence ». La douleur des patients n’est pas soulagée de manière satisfaisante et une obstination déraisonnable, illégale et coûteuse, perdure. « Nous demandons une chose simple : que l’argent soit réinjecté au bon endroit. Le coût de l’acharnement thérapeutique est bien plus important que celui de l’accompagnement. »

La pétition est aussi l’occasion de dire les frustrations des infirmières et des aides-soignantes. « Dans la plupart des services, il est impossible de faire passer le moindre message. Nous sommes réduites à un rôle de subalternes, face à une forme de toute-puissance médicale », déplore Marion Broucke. Les réactions au texte sont révélatrices du malaise. « Nous nous sommes rendues compte que ceux qui signaient étaient quasiment tous des soignants. Ils nous disent se reconnaître dans nos mots et nos revendications. » Le collectif à l’origine de la pétition demande à être entendu par les députés, et à être intégré au groupe de réflexion de l’Assemblée Nationale. « Faisons respecter la loi. Et ensuite, seulement, on pourra rediscuter », conclut l’infirmière.