Accompagner le changement des professions paramédicales - Objectif Soins & Management n° 263 du 01/06/2018 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 263 du 01/06/2018

 

Actualités

Joseph POTOT  

Réingénierie Première profession paramédicale en termes d’effectifs, les infirmiers voient leur métier et leur formation évoluer et s’il en est une qui cristallise les attentions, c’est bien celle des Infirmiers de Bloc opératoire.

Les récentes évolutions règlementaires instituant un champ d’activité relevant de la compétence exclusive des Ibode ayant pour corolaire d’écarter à terme les IDE des fonctions d’aide opératoire génèrent des difficultés organisationnelles au sein des blocs opératoires. L’augmentation de la proportion des Ibode dans les blocs opératoires devient un enjeu majeur de qualité et de sécurité des soins alors même qu’il s’agit d’un métier sous tension pour lequel le recrutement est difficile.

Mais cette évolution règlementaire a aussi redonné du sens et de l’intérêt pour ce métier dont la réingénierie au grade Master est imminente et pour lequel la VAE constitue une alternative à la formation pour ceux qui peuvent y prétendre.

C’est à ce tournant historique de la profession d’Ibode qu’une croissance significative des effectifs à l’entrée des écoles signe un regain d’intérêt pour cette profession.

Face aux enjeux de la réingénierie d’une part, et aux enjeux de recrutements d’autre part, le partenariat entre Institut de formation et établissement de santé accueillant des élèves en stage prend tout son sens pour atteindre les objectifs de chacun.

Dans ce changement de paradigme que constitue l’approche par compétence, véritable clé de voute de la réingénierie, la disparition de la mise en situation professionnelle va redéfinir profondément les rapports entre les équipes pédagogiques et les professionnels de terrain.

Le positionnement des acteurs à trop longtemps été perçu et pensé dans un registre d’affirmation identitaire des équipes pédagogiques d’une part et des professionnels de terrain d’autre part : cette attitude posturale opposant connaissances théoriques et exercice clinique a divisé les professionnels en méconnaissant l’intérêt qui s’attache à la coopération entre professionnel dans une approche synergique.

Face à ce constat, il est essentiel d’affirmer d’emblée un double objectif :

• reconnaitre la spécificité de chacun des modes d’exercice

• affirmer l’interdépendance des professionnels intervenant auprès de l’élève.

C’est le sens de l’approche par compétence qui rétablit le lien inaliénable entre savoir et savoir-faire, entre professionnels des écoles et professionnels des blocs opératoires.

En termes d’organisation, il est essentiel que les deux versants, offre de formation et demande des professionnels de terrain soient représentées à leur juste place et c’est le sens de la disparition des mises en situation professionnelle.

En lieu et place d’une évaluation clinique basée sur la notion d’actes et sanctionnée par une mise en situation normative et ponctuelle en présence d’un formateur, se substitue une évaluation par les professionnels de terrain basée sur la notion de compétence qui sanctionne une capacité à articuler connaissances et savoir-faire dans un certain nombre de situations prévalentes.

Cette approche replace les professionnels de terrain au centre de la formation clinique par une évaluation prenant en compte l’ensemble des situations auxquelles l’élève a été confronté pendant son stage. Par le choix de situations emblématiques de complexité croissante, auquel l’étudiant en stage sera confronté, les tuteurs de stage seront en mesure d’apprécier les progrès de l’élève : de sa capacité à expliciter son action, à mobiliser les connaissances qui s’y rattachent, à déterminer les invariants qu’il pourra mobiliser dans d’autres situations les tuteurs seront amenés à valider non pas des pratiques mais des compétences.

Cette approche repositionne les différents acteurs de la formation clinique au premier rang desquels les formateurs : d’une situation d’évaluateur au contact de l’élève en stage, les équipes pédagogiques seront amenées à accompagner dans les blocs opératoires, non plus les élèves, mais les équipes de professionnels dans la formalisation de parcours de stage au travers des situations représentatives de leur activité et à décliner les compétences qui s’y rattachent.

S’il convient de se réjouir du regain d’intérêt pour la formation d’Ibode, de la redéfinition d’un partenariat entre les équipes pédagogiques et les équipes des blocs opératoires dépendra notre capacité collective à répondre à ce tournant historique de la profession d’Ibode.

BIBLIOGRAPHIE

Réingénierie des professions paramédicales et approche par compétence : Coudray Marie Ange, GAY Catherine (Juillet 2009), Le défi des compétences. France : Édition Masson.

Actes relevant de la compétence exclusive des IBODE : Décret n° 2015-74 du 27 janvier 2015 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence exclusive des infirmiers de bloc opératoire

Référentiel de compétence et d’activités des IBODE : Arrêté du 19 décembre 2016 modifiant l’arrêté du 24 février 2014 relatif aux modalités d’organisation de la validation des acquis de l’expérience pour l’obtention du diplôme d’État d’infirmier de bloc opératoire