Objectif Soins n° 263 du 01/06/2018

 

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Sylvie Gervaise  

International Le Sidiief, dont l’objectif est de faciliter la mise en réseau de la communauté infirmière, mettre en valeur le leadership infirmier et promouvoir la contribution de la profession à la santé de la population dans l’espace francophone, n’a pas trahi sa mission, en affichant pour son 7e congrès mondial, du 3 au 6 juin à Bordeaux, le thème “Chercher, innover et soigner”.

Leadership infirmier

La profession infirmière est engagée, certes. Mais c’est loin de suffire pour faire admettre que ses compétences vont pouvoir induire le changement des pratiques nécessaire à l’évolution des besoins de la population.

Il lui faut investir la position et le rôle de leadership.

Francine Ducharme a tracé le profil des infirmières qui peuvent inspirer, influencer et modifier une situation. Pour elle, cela ne fait aucun doute, les infirmières possèdent ce pouvoir de transformation et de contribution au changement.

Elles ont divers niveaux d’influence potentiels : par la clinique, auprès des organisations locales et des associations, par l’action politique.

Mais des freins encore nombreux, et au delà des frontières, rendent le chemin parfois chaotique. L’histoire de la profession en est un, empreinte de l’humilité, de la subordination au médical, parfois en opposition avec le pouvoir de conviction et le désir d’être sur le devant de la scène. Moins de trois infirmières sur dix souhaiteraient s’engager en politique. N’oublions pas non plus que la recherche, vecteur d’autonomie et de reconnaissance, est arrivée tardivement chez les infirmières, qui ont longtemps transmis leur savoir de façon intuitive, par les pairs. En parallèle, une méconnaissance des processus juridiques et législatifs entrave la voie du leadership.

Exercer son leadership

La recherche

La recherche est un outil pour soutenir les infirmières dans le faire valoir de leur expertise. Les résultats probants, la terminologie idoine, les pratiques fondées sur les preuves, les Evidence bases, sont reconnus pour légitimer les travaux, et asseoir son leadership. Toutes ces données sont à situer dans le contexte culturel, sociologique, anthropologique. En lien avec les pratiques, avec la qualité des soins, il faut admettre qu’elles puissent changer.

Si les travaux de recherche respectent une méthodologie scientifique irréprochable, il incombe au leadership d’en faire connaître les résultats, de les rendre compréhensibles pour ses pairs, pour les décideurs et influenceurs.

Développer son réseau

Par ailleurs, on ne permet pas le changement en étant isolé, le leadership nécessite de développer son réseau social d’influence.

L’influence politique est en soi un processus d’influence sociale.

Pour optimiser ses chances d’être écouté, il est préférable de centrer ses travaux sur des sujets en lien avec des préoccupations de la population, citons actuellement les besoins des personnes âgées, le soutien à domicile, la maltraitance…

Travailler en collaboration

Parce que le statut de l’infirmière engage sa responsabilité dans la promotion de la santé, elle doit être au plus près des usagers, de leurs attentes. En développant le partenariat avec les patients, en travaillant avec eux, elle sera en mesure de porter leurs points de vue, de relever les défis et de montrer ce qu’il est possible de faire ensemble.

Au delà des frontières

Si le leadership infirmier se renforce, ce sera sans doute parce que la profession considèrera l’internationalisation comme une donnée incontournable pour une prise de parole solidaire face aux grands enjeux sociétaux, tels que réduire les inégalités, dispenser des soins aux populations migratoires. Les infirmières occupent une réelle position stratégique.

Démontrer que l’on œuvre à une qualité optimale des soins

Sean Clarke, assure que la pratique infirmière avancée porte des forces sociales, économiques et politiques. Selon lui, leaders et cliniciens, en collaboration, peuvent améliorer les soins aux patients, et les infirmières sont solidaires et complémentaires.

Une infirmière sur dix aux États-Unis, exerce en pratique avancée.

Mais Diane Morin insiste sur le fait que la pratique avancée doit être au cœur de la clinique, qu’une IPA doit pouvoir s’appuyer sur un socle expérientiel ?clinique.

Ces compétences lui sont indispensables :

- une pratique clinique experte,

- être en mesure d’assurer une consultation, une guidance, - être leadership clinique,

- exercer des pratiques basées sur des preuves issues de la recherche,

- travailler en collaboration.

Pour promouvoir la pratique avancée, il faut avoir une vision claire de son rôle, développer des partenariats où chacun aura un intérêt à ce que ça marche.

Pour soutenir l’évolution de la pratique avancée au sein de la francophonie, le Sidiief a rédigé des considérations et énoncés stratégiques visant à interpeller les décideurs et influenceurs du système de santé.