Objectif Soins n° 266 du 01/12/2018

 

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Claire Pourprix  

PORTRAIT Le directeur de l’Organisation des Soins, Sécurité, Usagers et Qualité du centre psychothérapique de Laxou (Nancy) a pris en octobre dernier la présidence de l’Association française des directeurs de soins (AFDS). Son ambition première ? Contribuer à développer la santé territoriale.

Infirmier de secteur psychiatrique en 1981, Francis Mangeonjean a fait toute sa carrière en psychiatrie et santé mentale. Après une formation cadre en 1986, il a encadré des équipes dans des services de psychiatrie adulte, enfant et adolescent, puis a rejoint les bancs de l’EHESP en 2001. Il a exercé des fonctions de direction diversifiées depuis 2007 et occupe le poste de directeur de l’Organisation des Soins, Sécurité, Usagers et Qualité du centre psychothérapique de Laxou (Nancy) depuis 2014.

Des domaines avec lesquels il était déjà familier pour avoir été coordonnateur, depuis 2006, du pôle inter-établissements, Organisation des soins, sécurité usagers et qualité sur le centre psychothérapique de Nancy et le centre hospitalier de Ravenel, dans les Vosges. De plus, Francis Mangeonjean est intervenu dans plusieurs établissements dans le cadre de la Mission nationale d’appui en santé mentale (MNASM) en matière d’analyse des organisations et de formulation de recommandations. Il a également mené des missions d’expertise concernant les réorganisations hospitalières en lien avec les acteurs locaux, à la demande des ARS Île-de-France et Normandie. Actuellement, il est l’un des pilotes du Projet territorial de santé mentale (PTSM) du département de la Meurthe-et-Moselle, dans le cadre d’une mission confiée par l’ARS Lorraine.

Un militant du métier

Adhérent de longue date à l’Association française des directeurs de soins, membre de son conseil d’administration depuis 8 ans et de son bureau depuis 6 ans comme secrétaire, c’est tout naturellement qu’il s’est porté candidat à sa présidence à l’issue des deux mandats de son prédécesseur, Stéphane Michaud. « J’ai toujours souhaité être un militant du métier, explique-t-il. C’est intéressant pour contribuer à l’évolution des organisations hospitalières et pour aller vers une santé territoriale. Je suis convaincu que le directeur des soins a un rôle prépondérant à jouer pour accompagner ses collègues dans cette démarche qui consiste à développer des parcours de soins dans le sanitaire et de santé avec l’ensemble des partenaires avec lesquels nous travaillons sur le territoire. Nous sommes des acteurs du décloisonnement. »

Travailler ensemble, un défi organisationnel

En tant que professionnel de la psychiatrie, acteur de la mise en œuvre de la sectorisation de la psychiatrie sur son département, Francis Mangeonjean a eu l’occasion de percevoir à quel point il est parfois difficile de travailler ensemble : « Dans son domaine, chacun fait des choses très bien, mais en interaction, dès que l’on est plus de deux, tout devient plus complexe. Les bonnes volontés ne suffisent pas, il faut aussi partager des valeurs communes et mettre en place un process, une organisation pour assurer la continuité des fonctions sans se positionner de manière hégémonique les uns par rapport aux autres. » Toutefois, le président de l’AFDS est optimiste : les choses bougent, le travail en réseau dont on parle depuis des années se concrétise petit à petit. « Je le vérifie au quotidien en tant qu’acteur de projet de santé mentale sur le département de Meurthe-et-Moselle. Nous sommes plus de 50 acteurs rassemblés autour de la table - des élus, des associations, des acteurs du social, du médico-social, du sanitaire… - pour définir un projet territorial. Cela aurait été impossible il y a quelques années. »

S’ouvrir plus encore sur le monde extérieur

Un progrès qu’il qualifie de « captivant et très motivant » et qu’il espère bien soutenir au cours des quatre prochaines années de son mandat à la tête de l’AFDS. « J’ai eu la chance de travailler avec un président qui a bien ouvert la voie. Il a su porter une vision et a permis à l’association d’être plus ouverte sur le monde extérieur. J’ai envie de poursuivre sur ce chemin, d’élargir plus encore les partenariats car notre travail consiste à rassembler le plus d’acteurs possible autour de la table pour garantir une meilleure fluidité des services aux patients. En effet, notre profession est au carrefour de l’évolution de notre dispositif de santé. Mon rôle est donc de continuer à promouvoir le métier en dehors des murs hospitaliers, pour accompagner la territorialisation de la santé en contribuant au développement de la promotion et de la prévention de la santé. Il nous faut montrer à quel point on peut accompagner ces dispositifs territoriaux de par notre connaissance du terrain et des acteurs. »

Une posture associative forte

Si l’on doit retenir une priorité de sa feuille de route, c’est sa volonté d’amener l’AFDS à avoir une « posture associative forte, capable de propositions concrètes à présenter à nos décideurs : ministère, Direction générale de l’organisation des soins, afin de participer à la dynamique collective ». Les orientations du ministère de la santé vont dans le bon sens selon Francis Mangeonjean, qui confie se retrouver parfaitement dans le plan santé 2022. Ce plan « décrit une offre graduée d’accès aux soins, prend en compte les problématiques de saturation et la nécessité de développer des structures de proximité pour désengorger les urgences, d’avoir recours à des expertises et à l’excellence en fonction des besoins de la population ». Les intentions du programme sont très intéressantes, estime-t-il, curieux et impatient de voir ce qu’il en sortira concrètement.

Transmettre aux cadres l’envie de devenir directeur de soins

Conscient que les professions de cadre de santé et de cadre supérieur figurent parmi les professions les plus compliquées de notre système hospitalier, Francis Mangeonjean plaide pour une confiance et un respect mutuel afin de faciliter la mission de tous. « Il est important, en tant que directeur des soins, d’entendre et d’être à l’écoute des cadres pour percevoir les contradictions dans lesquelles ils sont, être en capacité de leur donner un cap et, en arrière-plan, répondre aux questions qu’ils se posent. Certes les contraintes budgétaires sont importantes, mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut rien faire. » Intervenant en formation au sein d’IFCS, il va encore plus loin dans sa démarche de transmission : « Je pense que mon rôle est aussi d’accompagner les cadres vers d’autres métiers, comme celui de directeur de soins, pour ceux qui en ont envie. »

L’AFDS, une association ouverte et prospective

• L’AFDS se présente comme fédératrice de l’ensemble des directeurs des soins, dédiée à la promotion de la fonction, et affiche la volonté d’être ouverte et prospective pour valoriser et faire reconnaître les compétences spécifiques des directeurs des soins.

• Cette association, issue de l’Association nationale des infirmières générales (Anig), a noué des partenariats nombreux au sein de la profession (FHF, ADHRESS, MNH, Sofrasim, EHESP, Collège des Infirmiers de France, etc.), qu’elle souhaite enrichir encore. -Elle organise chaque année des journées d’études ouvertes aux directeurs de soins, ainsi qu’aux cadres supérieurs, cadres de santé, directeurs d’hôpital et directeurs d’établissement sanitaire, social et médico-social.

• Forte de 450 adhérents, l’AFDS participe à une trentaine de groupes de travail au niveau national.