Universitarisation des études d’infirmières : virage à 180° - Objectif Soins & Management n° 266 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 266 du 01/12/2018

 

ACTUALITÉS

Laëtitia Di Stefano  

Formation Le 20 septembre dernier, le Cefiec faisait le point sur l’intégration des formations santé à l’université, en présence de Stéphane Le Bouler, chargé de la mission sur le sujet pour les deux ministères concernés. Depuis, les modalités d’entrée ont été mises en place. Le point sur ce dossier qui s’ouvre à peine…

En cette fin 2018, la question phare du dossier « Universitarisation » est l’inscription des étudiants infirmiers sur la plateforme Parcours Sup. Stéphane Le Bouler a réaffirmé, lors du séminaire du 20 septembre, que les Ifsi seront soumis à la loi ORE (orientation réussite de l’étudiant) dès la rentrée 2019. Dorénavant, les étudiants infirmiers seront donc inscrits à la “fac” avec carte d’étudiant et droits afférents. « Il n’y aura plus de concours d’entrée mais un dossier à remplir sur Parcours Sup, que gère le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, indique Martine Sommelette, présidente du Cefiec. Nous sommes actuellement dans la phase de paramétrage de la plateforme. Chaque IFSI remplit une sorte de fiche d’identité avec détails pratiques et orientations pédagogiques (capacité d’accueil, charte Erasmus, restaurant) ».

Les aspirants étudiants infirmiers pourront consulter la plateforme Parcours sup dès la mi-décembre et se renseigner sur les différents Ifsi. Ils auront à remplir un dossier d’attendus et caractéristiques de la formation et du métier, c’est-à-dire de critères de sélection liés à des compétences. Ce cadrage national a été défini par des groupes de travail comprenant un corpus important d’associations représentatives des instituts dont le CEFIEC et la FNESI, entre autres.

Une sélection sur dossier

Sur Parcours sup, les réponses possibles aux candidats sont “Oui”, “Oui si” (entrée avec nécessité de renforcement d’une compétence) ou « Non ». La sélection demeure donc une règle, elle diffère néanmoins par sa forme.

Dès mi-janvier les candidats pourront formuler leurs vœux et s’inscrire sur un périmètre universitaire, sur lequel ils auront le choix de plusieurs Ifsi. À partir du printemps des comités régionaux, réunis via les ARS, organiseront les sélections sur un périmètre donné.

La Direction Générale de l’Offre de Soin a fait une cartographie indiquant quel Ifsi est lié à quelle université.

La question demeure en suspens pour les personnes en reconversion professionnelle, qui ne passeront pas par Parcours Sup. Un texte sur le sujet est à l’étude à la DGOS.

La gouvernance en question

Le rattachement à l’université pose également des questions de gouvernance qui n’ont pas encore de réponses… « Les Ifsi ne vont pas intégrer la fac de façon organique, ils restent implantés dans les territoires. Il y aura une intégrité fonctionnelle, mais ils restent, a priori, financés par les régions », précise Martine Sommelette. Lors du séminaire du 20 septembre, le Professeur Jean Sibilia, Président de la Conférence des Doyens de faculté de médecine, a invité à une confiance dans la transition, au rapprochement avec les universités. « On sent un virage très intéressant de la part du monde médical avec la volonté de travailler en pluri-professionnalité, avec des compétences complémentaires. Un tel discours d’ouverture entre les pratiques est une nouveauté encourageante pour la suite », note la présidente du Cefiec.

Des enseignants chercheurs à l’Ifsi

Une réflexion sur l’universitarisation est menée par le Cefiec depuis 14 ans et « le plus important à nos yeux est de faire en sorte que la filière en sciences infirmières et recherche émerge et se développe. Et la possibilité de former des enseignants chercheurs est enfin actée ! », se réjouit Matine Sommelette. À savoir la création de sections Profession de santé au Conseil National des Universités : sciences infirmières, maïeutique et rééducation réadaptation. Officialisation probable au printemps 2019.

À noter que, depuis 2009, certains enseignements (3 domaines sur 6) sont co-construits avec l’université avec laquelle les Ifsi ont passé un contrat. Ils reçoivent parfois des enseignants universitaires dans ce cadre. Le pont existe déjà et l’ouverture aux enseignants chercheurs ne va pas impacter le corps professoral, pour le moins à moyen terme. « Les formateurs des Ifsi sont des professionnels de la formation. Il est important de continuer à l’affirmer, d’autant que nous notons une montée en puissance de leur compétences. Ils sont essentiels au dispositif. Le plus des enseignants chercheurs sera lié, à terme, à la dimension de valorisation de la recherche infirmière professionnelle », insiste Martine Sommelette. À suivre.