Santé publique Pour prévenir les affections respiratoires, le CH de Dinan et l’association Capt’Air mettent à disposition des patients des visites de leur domicile pour lutter contre la pollution de l’air intérieur. Une initiative qui fait partie intégrante du processus d’éducation thérapeutique et qui vise à limiter les hospitalisations.
Sophie Frain, infirmière, a travaillé pendant vingt ans dans le service des urgences : elle en a vu passer des patients qui souffraient, entre autres, de leur asthme. « Non seulement, ils venaient aux urgences mais ils revenaient pour le même problème », explique-t-elle, signe que des choses restaient à faire pour leur apporter un soulagement durable. C’est au cours de discussions avec des pneumologues qu’elle est sensibilisée à la qualité de l’air intérieur et décide d’intégrer Capt’air Bretagne, une structure associative spécialisée dans l’analyse de la qualité de l’air hébergée par le CH de Dinan. Diplômée en éducation thérapeutique et allergologie, Sophie Frain s’est également formée à la baubiologie, une discipline née en Allemagne qui vise à bâtir et vivre dans un environnement sain. Elle se rend compte que le bienêtre respiratoire des patients passe aussi et avant toute chose par la prévention : « à une époque, on s’intéressait beaucoup aux allergènes biologiques, comme les pollens, mais assez peu aux autres sources d’allergie qui étaient pourtant nombreuses à l’intérieur des bâtiments », souligne-t-elle.
Et pourtant, c’est une réalité, l’air intérieur est plus pollué que l’air extérieur : « on est de plus en plus calfeutré dans nos logements, l’isolation est de plus en plus performante, mais avec un revers, celui de produire un air plus pollué », détaille l’infirmière. La solution ? Visiter les logements des patients qui souffrent de certaines affections respiratoires pour une éducation thérapeutique qui commence dès le domicile. Avec Capt’Air, Sophie Frain sillonne les routes de Bretagne pour se rendre dans le logement des personnes affectées par des pathologies respiratoires afin de mettre en place des mesures correctives : « ces visites sont gratuites et sur prescription médicale pour le patient et permettent de poser un diagnostic sur l’environnement intérieur; on propose ensuite à ces patients des solutions afin de traiter les problèmes ». Par des gestes simples et des conseils d’éducation thérapeutique - qui vont de l’aération à l’entretien de la VMC en passant par l’analyse des ponts thermiques, tout est passé au crible pour cibler les problèmes. « Nous leur conseillons aussi de se méfier de certains produits d’entretien parfumés, d’entretenir leur VMC et d’éviter l’utilisation d’huiles essentielles », poursuit la professionnelle. Si les problèmes sont plus profonds, la conseillère médicale en environnement intérieur peut aller jusqu’à orienter les patients vers la réalisation de travaux de rénovation, notamment avec la pose de double vitrage avec aération ou d’une nouvelle VMC.
Son action ne se limite pas au logement d’habitation, puisqu’elle intervient aussi dans les écoles voire en milieu professionnel à la demande du médecin : « il est important que le plus grand nombre soit formé et sensibilisé à la pollution de l’air intérieur, notamment via des formations pour mieux connaître, par exemple les sources de pollution, qui peuvent être dans l’habitat ou les produits utilisés pour le nettoyage », détaille l’infirmière. Depuis sa création en 1996, l’accompagnement a bénéficié à plus de 600 patients, avec une accélération des visites depuis 2018, preuve que le dispositif présente un intérêt certain. Aujourd’hui, l’association ambitionne d’approcher la formation des médecins afin de les sensibiliser davantage à la problématique : selon une étude réalisée il y a 5 ans par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), on estime en France à 20 000 le nombre de décès directement liés à la pollution de l’air intérieur. En Bretagne où Capt’Air Bretagne officie, le parc immobilier vieillissant et la précarité énergétique et sanitaire du bâti, sont les principales causes de détérioration de l’air intérieur.