À Nice, un congrès convoque les souvenirs positifs pour changer les relations humaines
Nice recevait les 20 et 22 mars derniers la conférence mondiale bisannuelle d'Appreciative Inquiry (A.I), qui, selon ses praticiens, révolutionne la façon de vivre les relations managériales, humaines, professionnelles ou personnelles. « Il s'agit de se remémorer des relations optimales, des actes dont on est fier. En se les remémorant, on arrivera à les répéter et ils auront un impact. », explique Thierry Brigodiot, formateur A.I qui a animé un atelier sur la relation de soin dans l'accompagnement lors du congrès. Il a notamment formé des soignants dans le cadre d'un Diplôme Universitaire « gestion du stress » à la Pitié Salpêtrière. Se remémorer ne suffit bien entendu pas. Les exprimer à un autre individu, permet de créer une connexion et des liens positifs à réutiliser.
Le forum est inauguré par l'inventeur américain de l'approche, David Cooperrider devant un panel de praticiens du monde entier formés pour beaucoup par lui-même. Il gère aujourd'hui un large réseau dédié à l'AI. Il relate comment la méthode aurait permis à des dizaines d'entreprises de fonctionner mieux, d'augmenter leurs bénéfices et de changer de vision sur leurs « problèmes » que l'on préfère ici appeler des « défis » que l'on cherche à « clarifier et qu'on ne veut pas éliminer mais on veut créer quelque chose de nouveau ».
On le voit, le choix des mots fait déjà partie du changement recherché. « On emploie de plus en plus le terme de `difficulté dépassée' plutôt que réussite, ce qui laisse un souvenir positif », explique Thierry Brigodiot formateur en A.I et conseiller en management à l'agence Pragma.
Dans le monde du soin, l'approche appréciative a déjà ses adeptes. Lors du congrès, David Da Fonseca, psychiatre à l'AP-HM et Agnès Trebuchon, professeur en neurophysiologie à la Timone (AP HM) ont défendu cette nouvelle façon de communiquer. Lors de leur atelier « Démarche appréciative et alliance thérapeutique entre le patient et le praticien, narrativité et empathie », les deux professionnels expliquent leur façon d'utiliser l'A.I au quotidien. « L'A.I m'a sauvé pendant une astreinte », explique le chef du pôle de psychiatrie de l'AP HM. « J'avais devant moi un enfant « soi-disant » agresseur de sa mère, addict aux écrans. J'étais envahi de négativité, je subissais les critiques de la mère et on me demandait de le garder aux urgences mais pas de place. » Le soignant décide d'utiliser la narrativité, outil de l'A.I pour désamorcer la situation : « Vous vivez parfois de bons moments tous les deux ? », demande le praticien. L'enfant se remémore un jour, il y a longtemps où sa mère a joué avec lui... Le médecin leur prescrit quinze minutes de jeu par jour.
Aujourd'hui un tiers des 650 agents du pôle de psychiatrie ont participé à une introduction à cette nouvelle pratique, proche de la communication non-violente, de la pleine conscience et de la psychologie positive.
Les formations en AI se multiplient auprès des équipes soignantes à Marseille comme ailleurs. « La France est aujourd'hui un pays moteur pour l'AI. Le jour où l'on va s'y mettre vraiment dans la société, nous allons exceller ! », conclut Thierry Brigodiot.