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Directrice de l'IFSI/IFAS du Centre Hospitalier de Haute-Corrèze, à Ussel, Florence Girard est également Présidente de l'ANdEP, l'Association nationale des directeurs d'écoles paramédicales.
Promouvoir la fonction de directeur en école paramédicale et être reconnue comme interlocuteur privilégié au niveau des institutions publiques et privées ainsi que des tutelles en promouvant le statut de directeur des soins de la fonction publique hospitalière : telle est la finalité de l'Association nationale des directeurs d'écoles paramédicales. Créée en 1997, cette association a dû se faire reconnaître au fil des années et montrer sa spécificité en regard de l'Association française des directeurs des soins (AFDS). Désormais, l'ANdEP endosse un rôle plus affirmé sur la scène des acteurs de la santé. « Nous sommes aujourd'hui consultés pour tous les dossiers en lien avec la formation », se réjouit Florence Girard. Qui, toutefois, a bien conscience que rien n'est acquis : « il faut toujours être présent, participer, donner nos avis, forcer parfois les portes, déployer des éléments stratégiques pour ne pas être oublié ! »
Infirmière diplômée en 1979, Florence Girard a, après deux années d'expérience en service de réanimation et d'urgences à Nanterre, quitté la région parisienne pour rejoindre un service au centre hospitalier d'Ussel. Très vite, elle se dirige vers la formation, consciente d'une « appétence à aider les autres, à encadrer ». Elle est tout d'abord responsable de la formation des aides-soignants, qui étaient alors plus âgés qu'elle, puis de celle des infirmiers. À la demande de sa direction, elle devient cadre de santé formatrice en 1986 au sein de l'Institut d'Ussel. « J'ai toujours cherché à enrichir mes connaissances par des lectures, des congrès, tout en gardant le lien avec les terrains de stage pour être au courant des nouvelles méthodes de travail, explique-t-elle. Le formateur doit être au fait de l'évolution de la profession pour passer les messages aux étudiants. » En 2003, Florence Girard, au départ de la directrice de l'école, est nommée faisant fonction de directrice, pour acquérir le titre de directrice des soins en 2006 après sa formation à l'EHESP. « J'ai accepté cette évolution et je ne le regrette pas ! Ce métier repose sur le pilotage de la structure au sein d'un territoire. Certes il y a des tâches administratives, mais qui restent au service de la population étudiante. L'accompagnement pédagogique de l'équipe, les actions mises en œuvre pour accompagner les étudiants dans leur vie étudiante, la relation avec l'ensemble des acteurs de la formation sont des points forts dans nos missions. » Parallèlement, Florence Girard, qui était impliquée au sein de l'ANdEP en tant que secrétaire de la communication, a été élue présidente de l'association en 2010. Un terrain de jeu passionnant pour cette soignante qui « aime aller de l'avant, être dans le projet, la réflexion et la construction. »
En période de réforme des formations paramédicales, les sujets de mobilisation de l'association ne manquent pas !
Parmi les dernières prises de position réalisées par l'AndEP : une lettre ouverte au président de la République au sujet du cumul frais de scolarité et frais d'inscription des étudiants en sciences infirmiers, dans laquelle l'ANdEP a demandé un état des lieux et d'ouvrir la réflexion sur ce sujet. Ou encore un communiqué de presse commun avec le CEFIEC (Comité d'entente des formations infirmières et cadre) et l'ONI (Ordre national des infirmiers) au sujet de la création d'une section de qualification en sciences infirmières au sein du conseil national des universités. Une avancée importante dans l'universitarisation des formations infirmières puisque « les universités pourront désormais recruter des enseignants-chercheurs pour consolider, avec leurs partenaires au sein des instituts et des écoles, l'ancrage universitaire des formations en santé. »
Florence Girard défend bec et ongles le maintien de la professionnalisation de la formation infirmière. « Bien sûr on encourage les étudiants qui veulent poursuivre vers la recherche, mais notre mission est la professionnalisation : nous formons des professionnels de santé afin qu'ils répondent aux besoins des patients et remplissent une mission de santé publique. »
Elle milite pour des échanges plus importants entre l'université et l'institut. « En tant que directeurs d'écoles, nous devons participer aux évolutions de la formation, il faut être dans la construction de partenariats avec les universités. Les cadres de santé-formateurs sont inquiets, c'est légitime, car ils ne savent pas quelle sera leur place aux côtés des enseignants-chercheurs. Je pense que le rôle des uns et des autres est complémentaire et que les enseignants-chercheurs ne viendront pas les concurrencer dans les IFSI : l'un ne chasse pas l'autre, car nous avons besoin de recherche clinique par les enseignants-chercheurs au sein des formations et nous avons besoin de l'expertise métier des cadres formateurs. »
Alors que les deux mondes de l'université et de l'école infirmière se connaissent encore peu, et mal, la présidente de l'ANdEP pense que les enseignants-chercheurs vont permettre de les rapprocher : « ils vont pouvoir faire le lien entre les deux, cela va nous aider à mieux se connaître et à améliorer la formation. Et l'expérience de la professionnalisation de nos étudiants va pouvoir être partagée avec les universités. »
D'un naturel optimiste, Florence Girard défend une vision constructive de sa mission : « il faut se poser les questions, ne pas nier les réalités. »
L'ANdEP mène ainsi des travaux de prospective, rendus publics sous la forme de rapports. Quatre ont déjà été réalisés, permettant d'alimenter la réflexion sur les formations paramédicales à horizon 2020, des scenarii d'organisation pour la modification de nos structures de formation, l'évolution du métier de directeur d'école, ou encore un benchmark des fiches métiers dans l'enseignement supérieur (grandes écoles et universités) afin de mener une comparaison avec les IFSI.
« Pour faire avancer notre métier, nous devons être force de proposition auprès des pouvoirs publics, affirme Florence Girard. Et pour cela, on essaye de travailler avec d'autres partenaires pour faire avancer les dossiers communs et d'ouvrir nos champs de réflexion. »
Impliquée dans des groupes de travail sur les nouveaux entrants sur la plateforme ParcoursSup, sur la réingénierie de la formation des aides-soignants et des auxiliaires de puériculture, ou encore sur la qualité de vie, Florence Girard, épaulée par l'équipe de l'ANdEP, mène donc de front plusieurs actions. Sans compter le temps passé pour conseiller des collègues sur la compréhension de textes réglementaires, leur évolution, faire de la veille documentaire sur des sujets importants ou encore renseigner des professionnels de santé qui aimeraient suivre la formation de directeur d'école.
Les Journées de l'ANdEP ont vocation, chaque année, à anticiper des évolutions, à faire de la prospective. Elles réunissent quelque 150 participants, représentants toutes les formations paramédicales, des secteurs public, privé, lucratif et non-lucratif.
Organisées cette année les 10 et 11 décembre (au Fiap, à Paris), elles avaient pour thème : « Directeur d'institut : contribuer au décloisonnement. Co-construire les métiers de demain avec l'université ».
Un sujet de débat au cœur des préoccupations de la profession, auquel ont été conviés à participer des représentants de la DGOS (Direction générale de l'organisation des soins), DGESIP (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle), de la CPU (Conférence des présidents d'université), de la Conférence des doyens et de l'Association des Régions de France. « On parle beaucoup d'interprofessionnalité : l'ANdEP est en plein dans ce mouvement, qui n'est pas le plus simple à mettre en œuvre !, souligne Florence Girard. Nous participons par exemple à l'intégration des nouvelles formations dans Parcours Sup, dans la construction des textes communs à toutes ces formations paramédicales. »