Objectif Soins n° 273 du 01/02/2020

 

Actualités

Anne Lise Favier  

Qualité

La Haute autorité de santé (HAS) a rendu son deuxième rapport annuel sur les événements indésirables graves associés aux soins (EIGS), des événements qui, lorsqu'ils surviennent peuvent entraîner un déficit fonctionnel permanent chez le patient, mettre en jeu son pronostic vital ou conduire à son décès.

Depuis l'ouverture du dispositif de déclaration en mars 2017 (1), la HAS estime que trop peu de ces EIGS ont été déclarés, alors que « l'analyse rétrospective de ces événements constitue un maillon essentiel de l'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ». Certes, le nombre de déclarations augmente, mais trop timidement pour accroitre un niveau de culture de sécurité optimal dans les soins : ainsi, la grande majorité des déclarations (82%) a été faite dans les établissements de santé contre seulement 4% en médecine de ville. Rétrospectivement, pour l'année 2018, la HAS a reçu 3 536 déclarations dont 1 522 analysées par des professionnels : au final, 820 déclarations complètes ont été comptabilisées dans les statistiques publiées. Concernant le « profil-type » de ces EIGS, on peut voir qu'ils concernent aussi bien les hommes que les femmes pour un âge médian de 60 à 70 ans. Une assez faible proportion concerne les actes diagnostiques (13 %) pour une majorité (87 %) d'actes thérapeutiques. Concernant le contexte de survenue de ces EIGS, 39 % l'ont été dans des périodes estimées comme « vulnérables » (nuit, week-end, jour férié) et près de la moitié lors de prise en charge en urgence, ce qui confirme bien qu'il existe des moments à risque.

Une réflexion à mener

Pourtant, la moitié de ces EIGS auraient pu, selon la HAS, être évités : ils ont malheureusement conduit au décès du patient dans la moitié des cas, la mise en jeu du pronostic vital (un tiers des cas recensés) et à une invalidité permanente (17 % des cas). Outre les défauts de prise en charge qui peuvent expliquer ces EIGS (retard dans la prise en charge ou défaut de surveillance), trois grandes causes ont également été identifiées : le suicide, les chutes de patients et les erreurs médicamenteuses. Trois thématiques dont la Haute autorité de santé s'est emparée pour l'inscrire à son programme de travail en vue d'établir des préconisations dans le courant de l'année. Suite à l'analyse des déclarations, la HAS a également identifié quatre axes de réflexions prioritaires.

• Le premier concerne la réalisation d'une étude de risques sur les EIGS liés à l'utilisation des systèmes d'informations, un sujet qui avait déjà émergé dans l'étude du dispositif d'accréditation des médecins et des équipes médicales.

• Le second porte sur le renforcement de l'analyse des EIGS par les professionnels face à un décès inexpliqué du patient.

• Les deux derniers portent sur la contention physique de la personne âgée, dont on sait qu'elle est à l'origine d'accidents en EHPAD mais aussi en établissements de soins et sur la contention et l'isolement des patients en psychiatrie.

Pour permettre un fonctionnement optimal du dispositif de déclaration, la HAS propose d'optimiser le processus informatique et de renforcer la culture déclarative à toutes les strates des milieux concernés. Elle devrait en outre développer un guide pédagogique sur l'analyse approfondie des EIGS.

(1) dispositif obligatoire auprès des Agences régionales de santé (ARS)

Mesures à prendre

Dès la survenue d'un événement grave il faut prendre des mesures immédiates :

• Alerter les responsables médicaux et le responsable désigné de la structure

• Mettre en œuvre d'éventuelles mesures conservatoires concernant le patient ou d'autres patients

• Informer le patient et son entourage

• Relever les premiers éléments de compréhension de l'événement

Puis, procéder à la déclaration de l'événement en suivant l'organisation prévue par la structure.

Pour aller plus loin : https://has-sante.fr/jcms/c_2787338/fr/declarer-les-evenements-indesirables-graves-eigs