Objectif Soins n° 273 du 01/02/2020

 

Éditorial

Pascale Thibault  

L'épidémie de coronavirus Covid-19 réactive la vulnérabilité de l'espèce humaine face à un aussi petit organisme. Cette situation met en exergue une crise qui dépasse largement l'aspect sanitaire. Battage médiatique, crise politique, ce virus est l'occasion pour certains de renouer avec des comportements très primaires. Le pouvoir politique menace les lanceurs d'alerte, certains expriment ouvertement une forme de racisme, particulièrement orienté vers les populations asiatiques, et celles et ceux qui les fréquentent. Racisme qui, s'il était tu jusqu'alors, trouverait dans l'origine du virus, un motif légitime !

Il est certain que, comme ce fut le cas dans de précédentes crises sanitaires, l'homme saura trouver des remèdes à cette situation, et les professionnels œuvrent partout dans le monde pour développer un vaccin qui mettrait la population à l'abri de cette attaque virale.

Mais il semble irrémédiablement impossible de lutter contre les comportements dominés par la peur et la haine, dont on ne mesure pas précisément l'ampleur ou l'impact, le pouvoir de contamination, et pour lesquels il semble difficile d'agir de façon préventive, tant ils réapparaissent dès qu'une occasion se présente. Devons-nous admettre qu'il n'y a pas de remède ? Usons-nous face à ce fléau, de toutes nos capacités de traitement et de prévention ?

Après quelques semaines d'un développement inquiétant, il semble que l'épidémie se stabilise pour ensuite, très certainement, ralentir fortement. Souhaitons qu'il en soit de même de ces réactions dont le pouvoir de nuisance est aussi insidieux que grave.

Chaque crise nous permet de mesurer combien l'homme est capable du meilleur comme du pire. Et cela semble faire inéluctablement partie du fonctionnement de notre espèce, l'obligeant sans cesse à se renouveler pour se perpétuer.

(1) Petite Poucette, Michel Serres, Éds Le Pommier, 2012.