En mission pour l'ONU, Jean Ziegler s'est rendu en mai dernier à Lesbos, cette île grecque qui abrite le plus grand des cinq centres d'accueil de réfugiés en mer Égée : Moria. Sous l'autorité de l'Union européenne, le camp principal abrite plus de 18 000 personnes dont 35% de femmes et d'enfants de moins de 12 ans. Les migrants y sont entassés dans des conditions inhumaines. Pas de droit d'asile car il y a impossibilité de déposer une demande. La nourriture distribuée est avariée et insuffisante. Les rats courent partout. Les enfants jouent pieds nus dans les détritus et n'ont aucun accès à l'éducation. La promiscuité livre les plus vulnérables aux violences sexuelles. Ces réfugiés sont venus principalement d'Irak, de Syrie, d'Afghanistan, d'Iran. Ils ont été confrontés à des difficultés devenues un vrai calvaire pour certains : la torture, le pillage de leurs maigres biens, les naufrages, la maladie, la faim et la brutalité des garde-côtes grecs et turcs. Les responsables du camp et les militants des organisations humanitaires expliquent les obstacles auxquels ils sont confrontés chaque jour. Pour Jean Ziegler, cette situation est indigne de l'Europe et bafoue la convention de 1951 de l'ONU et l'article 14 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme signé par tous les pays de l'UE. Ce livre est un « coup de gueule » qui met bien mal à l'aise les européens que nous sommes.
L'auteur, Jean Ziegler, de nationalité suisse, docteur en droit et en sociologie, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation entre 2000 et 2008, vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme jusqu'en 2019, est aujourd'hui conseiller au Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Il a publié de nombreux essais traduits en plusieurs langues.