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Objectif Soins n° 274 du 01/04/2020

 

Investir dans la profession infirmière, une urgence selon l'OMS

Actualités

Claire Pourprix  

OMS

A l'occasion de la Journée mondiale de la santé du 7 avril, l'OMS a publié un rapport sur le personnel infirmier dans lequel l'organisation internationale et ses partenaires appellent les pays à « investir de toute urgence dans le personnel infirmier ».

En cette année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier et en pleine pandémie de covid-19, le rapport publié par l'OMS à l'occasion de la Journée mondiale de la santé tombe à pic. Il dresse un tableau alarmant de « La situation du personnel infirmier dans le monde (2020) ». La profession infirmière, la plus représentée parmi les professions de santé avec 50 % des effectifs, fait face à d'importantes lacunes. Pour renforcer ses capacités à l'échelle mondiale et améliorer la santé, le rapport préconise d'investir prioritairement dans la formation du personnel infirmier, l'emploi et le leadership.

« Le personnel infirmier constitue la cheville ouvrière de tout système de santé. À l'heure qu'il est, un grand nombre d'infirmiers et d'infirmières se retrouvent en première ligne du combat contre le COVID-19 », a déclaré dans un communiqué le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS, à l'occasion de la publication de ce document réalisé en collaboration avec le Conseil international des Infirmières et Nursing Now. « Ce rapport vient nous rappeler avec force à quel point le rôle qu'ils jouent est unique. Il nous adresse également un signal d'alarme pour que tout soit fait afin qu'ils bénéficient du soutien dont ils ont besoin pour maintenir les populations en bonne santé. »

Risque de pénurie d'infirmiers

Dans le monde, 90 % des 28 millions d'infirmiers sont des femmes. Et, bien que les effectifs aient grossi de 4,7 millions de professionnels entre 2013 et 2018, il manque encore 5,9 millions de personnes, les pénuries les plus marquées étant dans certains pays d'Afrique, d'Asie du Sud-Est et de la Région OMS de la Méditerranée orientale, ou encore dans des pays d'Amérique latine. Le rapport révèle aussi qu'un membre du personnel infirmier sur six devrait partir à la retraite au cours des dix prochaines années. Pour prévenir une pénurie planétaire, les auteurs estiment que le nombre de diplômés en soins infirmiers doit augmenter de 8 % en moyenne par an dans les pays concernés.

Selon Annette Kennedy, Présidente du Conseil international des Infirmières, « Ce rapport met en lumière la contribution du personnel infirmier et confirme que l'investissement dans cette profession représente un bénéfice pour la société, et non un coût », explique-t-elle dans le communiqué de presse de lancement du rapport. « Notre planète a besoin de plusieurs millions d'infirmiers et d'infirmières supplémentaires, de sorte que nous appelons les gouvernements à faire ce qui est juste : investir dans cette magnifique profession et observer les bénéfices que tireront leurs populations du travail remarquable que seul le personnel infirmier peut mener à bien. »

Les 10 actions clés demandées aux pays

– Accroître le financement en vue de former et de recruter un plus grand nombre d'infirmiers et d'infirmières

– Renforcer les capacités de collecte, d'analyse et d'action en matière de données relatives aux personnels de santé

– Suivre la mobilité et les migrations du personnel infirmier, les gérer de façon responsable et éthique

– Offrir au personnel infirmier une formation initiale et continue dans les domaines scientifiques, technologiques et sociologiques, afin d'en faire un moteur de progrès dans les soins de santé primaires

– Créer des postes de responsables, notamment un poste de directeur général des soins infirmiers au niveau de l'administration centrale, et soutenir le renforcement des compétences de direction parmi les jeunes infirmiers et infirmières

– Faire en sorte que le personnel infirmier des équipes de soins de santé primaires utilise l'éventail complet de ses compétences, notamment pour la prévention et la prise en charge des maladies non transmissibles

– Améliorer les conditions de travail, notamment en assurant des effectifs de personnels suffisants, une rémunération juste, et en respectant le droit à la santé et à la sécurité au travail

– Mettre en œuvre des politiques relatives au personnel infirmier qui soient soucieuses de l'égalité des genres

– Moderniser la réglementation de la profession en harmonisant les normes relatives à la formation et aux pratiques, et en utilisant des systèmes capables de reconnaître et de vérifier les compétences professionnelles du personnel infirmier à l'échelle mondiale

– Renforcer le rôle du personnel infirmier au sein des équipes de soins en faisant collaborer différents secteurs (santé, éducation, immigration, finance et travail) avec les parties prenantes du secteur infirmier en vue de l'établissement d'un dialogue stratégique et de la planification des effectifs