Le premier cas officiellement confirmé de Covid-19 date du 11 mars en Polynésie française. L'hôpital du Taaone a déclenché le niveau 1 de son plan blanc le 18 mars, le confinement général a démarré deux jours plus tard.
Lundi 6 avril à 14 heures, un avion en provenance de Chine a atterrit à Faa'a. Et ce, malgré la rupture des liaisons aériennes internes et externes. À son bord se trouvait une commande de 15 tonnes de matériel médical et notamment des masques chirurgicaux, respirateurs. Il n'y avait pas, en revanche, les tests commandés pour élargir les dépistages. Actuellement, ils sont au nombre de 4 000. Ils devaient passer à 8 000. Ils devraient arriver par le premier vol de continuité territoriale prévu cette semaine. D'autres commandes ont d'ores et déjà été passées par le gouvernement pour maintenir les stocks à flot.
Dans l'attente, la Direction de la santé et les personnels de santé se préparent à une possible « tempête ». Suite à l'annonce du premier cas, la phase 1 du dispositif Orsec a été activée par le haut-commissariat. Les mesures prises par le gouvernement polynésien en concertation avec l'État sont allées croissantes (fermeture des écoles, interdiction de rassemblement, mise en quarantaine des passagers débarquant sur le territoire, confinement de la population, interdiction de la vente d'alcool...).
La Direction de la santé a activé le niveau 1 du plan blanc dans ses structures, et notamment à l'hôpital du Taaone, le mercredi 18 mars. Ce plan tient compte des particularités géographiques mais aussi sociales et sanitaires de la Polynésie où, par exemple, le taux de diabète est estimé à 35 %. D'après la direction de l'hôpital, les différentes actions que comprend le plan sont préparées depuis la fin du mois de janvier et ont été progressivement mises en œuvre pour garantir la continuité d'activité en tenant compte des mesures prises par le gouvernement polynésien et par l'État.
« Tout le personnel est impliqué », précise le ministre de la Santé Jacques Raynal, « les congés ont été reportés, de même que les interventions non urgentes, l'accueil des patients et familles a été repensé ». Une infirmière formée à la réanimation mais qui avait quitté ce service a été remobilisée, tout comme ses collègues au même parcours. Les 24 lits de réanimation sont désormais dédiés au Covid. « On pourrait monter jusqu'à 60 postes au besoin », précise l'infirmière. L'équipe d'hygiène de l'établissement dispense des formations à tout le personnel. « On y retrouve principalement des gestes de base mais que certains finissent par oublier ou négliger avec le temps. »
Pour les libéraux, l'agence de régulation de l'action sanitaire et sociale (Arass) fournit des masques en quantité limitée via les pharmacies.
Par ailleurs une cellule de crise sanitaire a été montée, regroupant différents acteurs et représentants du territoire. Le personnel s'y relaie 24 heures sur 24 depuis le 23 mars. Parmi eux se trouve Sean Casey, expert de l'Organisation mondiale de la santé pour la zone Pacifique. Appelé en début de crise pour mettre au point cette cellule, il n'a pas pu rentrer chez lui aux Fidji car les frontières y ont été fermées très tôt.
D'après lui le Pacifique, qui a été la dernière région du monde touchée, a pu « bénéficier de l'expérience des autres pays du monde ». La Polynésie française a été protégée par son isolement. Mais, cet isolement est aussi un inconvénient « car il n'y a pas d'aides possibles, pas de ressources humaines ou matériels supplémentaires. Elle doit faire front seule ». Et faire avec son territoire si particulier. « Notre crainte est de voir apparaître des cas dans les îles car la logistique pour effectuer des prélèvements ou transporter les patients sera très compliquée. Il n'y a plus aucun vol ! » Pour l'instant la tempête n'a pas encore soufflé.
Le 1er cas a été officiellement annoncé le 11 mars. Depuis, le nombre de malades augmente sans toutefois exploser. Au 8 avril en fin de journée la Direction de la santé annonçait 618 personnes dépistées (sur 275 000), 47 cas confirmés, trois hospitalisations en cours et toujours aucun décès.
La Polynésie française est un territoire autonome en matière de santé. Elle compte 118 îles réparties sur une surface grande comme l'Europe. Une « filière Covid » a été mise en alerte dans les structures publiques et privées. Il y a deux cliniques privées à Tahiti ainsi que l'hôpital du Taaone à Pirae (le plus grand et le mieux équipé) et celui de Taravao. Il y a des structures hospitalières de moindre importance dans l'archipel de la Société : à Moorea (15 minutes d'avion de Papeete) et à Raiatea (1 heure d'avion) ; et aux Marquises, à Nuku Hiva (environ 3 heures de vol).