Ses propos, toujours argumentés et raisonnés, de scientifique averti, nous ont souvent interpellés. Quelques heures après avoir annoncé sa démission en tant que Président de la Ligue contre le cancer en raison de la progression de sa maladie devenue incurable, Axel Kahn a suscité notre stupéfaction et notre admiration, avec un discours aussi réfléchi que déterminé. Sur un ton serein et concret, il parlait de sa mort très proche se disant « rattrapé par la patrouille », alors qu'il a consacré toute sa vie à la combattre. Peut-on parler de courage ? Il préfère évoquer la cohérence entre ses valeurs et ses actes et du vrai bonheur fait de ce que l'on a reçu et de ce que l'on a donné.
Monsieur Kahn, la seule question que l'on oserait encore vous poser compte tenu de vos qualités humaines et de votre amour de l'autre : pourquoi avoir choisi la recherche plutôt que la clinique ? Vous auriez tellement pu éclairer la vie des patients de votre clairvoyance et leur rappeler de suivre fidèlement la devise de votre père « Sois raisonnable et humain ».
En restant si souriant et apaisé pour dire au revoir au monde vous misiez sur le fait que peut-être subsistera le souvenir que tous pourront garder de vous. Il n'y aura pas de peut-être, nous nous souviendrons de votre hauteur de vue sur la vie et de votre engagement à en prendre le plus grand soin. Si nous devions vous adresser une dernière requête, elle serait de garder un œil sur nous, soignants, dans le questionnement éthique de notre quotidien, votre engagement dans ce domaine étant un modèle d'exemplarité.
Vous qui avez exécuté tant de pèlerinages à travers notre pays, toutes nos pensées vous accompagnent pour cet ultime voyage qui vous attend.