L'ANS, pour que la santé prenne le virage du numérique - Objectif Soins & Management n° 281 du 01/06/2021 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 281 du 01/06/2021

 

Promotion de la santé

Dossier

Anne-Lise Favier  

Depuis 2019, l'Agence du numérique en santé (ANS) est missionnée pour le déploiement du numérique dans toutes les sphères de la santé. Régulatrice, opératrice et promotrice, l'ANS monte en puissance.

Si son existence officielle a été officialisée par un arrêté de fin décembre 2019, l'Agence du numérique en santé existait déjà avant sous les traits de l'Agence des Systèmes d'Information Partagés de Santé (ASIP-Santé) sous la forme d'un Groupement d'intérêt publique (GIP) réunissant sous la même bannière, l'Etat avec la délégation ministérielle du numérique en santé (rattachée au ministère de la Santé), la Caisse nationale d'Assurance-Maladie et la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie. Dirigée par Annie Prévot, elle est présidée par Jacques Lucas. Sa mission ? Relever le défi du numérique dans le domaine de la santé. Et il est évident que ce travail est colossal tant les données de santé sont nombreuses, précieuses et sensibles : des ordonnances délivrées par le médecin traitant, aux clichés stockés dans les ordinateurs des centres d'imagerie ou encore les dossiers patients suivis par les spécialistes, le numérique est partout. Même les professionnels disposent d'une identité numérique, celle, par exemple, qui permet d'éditer une feuille de soin et de montrer son appartenance au monde des professionnels de santé avec la CPS.

C'est notamment pour cela qu'une instance telle que l'ANS a été mise sur pied : « notre mission est triple, explique David Petauton, directeur communication de l'Agence du numérique en santé : un rôle de régulateur, un autre d'opérateur de services et enfin un rôle de promoteur du numérique ». Pour mener à bien sa mission de régulateur, l'ANS s'appuie sur l'élaboration de règles communes pour assurer la sécurité des données et l'interopérabilité. Clairement, il faut qu'une donnée numérique soit lisible quelque soit l'endroit où elle a été émise et où elle doit être consultée. Ce travail mène l'ANS à travailler de concert avec les éditeurs de logiciels pour déterminer les attentes et assurer la sauvegarde et la lecture de données très sensibles : « la seule identité d'un patient contenue dans un compte-rendu constitue déjà une donnée sensible », explique-t-on à l'ANS, il faut donc que chaque donnée soit entièrement sécurisée.

Résister au privé et accélérer le virage

L'Agence du numérique en santé mène aussi un travail d'opérateur de santé en concevant des outils au service de la santé : le site sante.fr, les messageries sécurisés MS Santé par lesquelles transitent trois millions d'échanges par mois, c'est une des missions de l'ANS. Et bien sûr le Dossier médical partagé (DMP), ce fameux carnet de santé numérique, qui sera matérialisé dès janvier 2022 par un Espace santé propre à chacun contenant messagerie sécurisée, dossier médical, agenda santé et de multiples services de santé. Du côté des professionnels de santé, l'ANS gère aussi la carte de professionnel de santé (CPS) qui compte plus de 140 000 inscriptions en version numérique depuis son déploiement en octobre 2020.

Enfin l'ANS a également une mission de promotion et de valorisation du numérique en santé : « dans chaque ARS, les groupements régionaux d'appui au développement de la e-santé – les Grades – permettent le déploiement local du numérique, de manière égalitaire. Une mission de promotion et de valorisation qui se matérialise également par une mise à disposition d'un cadre de référence pour les projets de e-santé afin d'éviter une offre morcelée, qui rend les usages compliqués. Pour que personne ne reste sur le bord du chemin et que chacun – professionnels et patients – puisse prendre le virage du numérique, car repositionner l'usager comme premier bénéficiaire des services numériques en santé lui donne aussi les moyens d'être véritablement acteur de sa santé.