Ressources Humaines
Dossier
Depuis le début de l'année 2020, la crise COVID a joué un rôle majeur dans l'évolution des pratiques pédagogiques dans le champ de la formation infirmière. Sous la contrainte de mesures sanitaires rigoureuses, les équipes pédagogiques des Instituts de Formation en Soins Infirmiers ont adapté leurs formats et introduit de nombreux outils numériques dans leurs pratiques. De ces expériences, de nouveaux besoins semblent naître. Pour répondre à ses besoins, un nouveau profil émerge : celui de Digital Learning Manager (DLM). Seul ou en équipe, il est probablement le profil de poste à développer dans la formation infirmière.
Il y a seulement 18 mois, qui aurait pu envisager les changements profonds que nous allions vivre tant sur le plan personnel que professionnel en 2020 et 2021 ? La formation en soins infirmiers, essentiellement présentielle, a basculé en quelques jours dans un autre univers, celui où la distance et les technologies numériques deviennent des éléments incontournables des pratiques pédagogiques. Y étions-nous préparés ? Certainement pas de manière aussi massive ! Et pourtant, chemin faisant, les équipes pédagogiques ont su trouver des stratégies à mettre en place. Alors finalement, cette évolution vivra-t-elle le temps d'une pandémie ou bien l'impact sera-t-il plus durable ?
16 mars 2020 : ça y est, c'est le jour ! Le confinement débute, notre centre de formation doit fermer et continuer son activité ! Sacré paradoxe !
Voici plusieurs semaines que rodait autour de nous cette pandémie, que les questions assaillaient l'équipe pédagogique, que la préparation de la mise à distance démarrait timidement. Maintenant, ça y est ! Il faut basculer tous nos enseignements et travaux dirigés à distance ! Pour les travaux pratiques, il va falloir inventer, innover ! Le temps de l'état des lieux commence. Nous évaluons la masse des enseignements à transformer, les outils nécessaires et ceux disponibles. C'est aussi le temps de faire le point sur notre maitrise de ces derniers. Comme beaucoup de centres de formation aux métiers de la santé, nous avons commencé partiellement à investir l'usage du numérique dans la pédagogie. La scénarisation de parcours pédagogiques alternant présence et distance fait l'objet de quelques expérimentations. La fabrication autonome de contenus numériques en est à ses balbutiements.
Il y a 18 mois environ, la direction de l'Institut de Formation aux Métiers de la Santé (IFMS) a décidé de flécher une partie de l'activité d'un formateur vers l'accompagnement à l'usage du numérique et à l'hybridation de la formation. Un poste de formateur, en premier lieu à mi-temps puis à plein temps est identifié. Me voici donc nommé formateur référent TICE. Afin de monter en compétences, j'effectue la formation : Diplôme Universitaire de Chef de projet - Apprentissage et Formation En Ligne (DU CAFEL à Paris Nanterre). Lorsque le confinement arrive, je suis à temps plein sur ce poste depuis quelques mois seulement. Le profil du poste est établi mais la valeur ajoutée est encore à définir et à rendre visible aux yeux de tous.
Le bilan fait collectivement montre que, pour nombre de formateurs et de formatrices, la conception de contenus numérique ne va pas de soi. La transformation d'une présentation en film, la création de contenus en ligne, la maitrise des outils de communication numériques vont demander une période d'apprentissage et d'acculturation pour toute l'équipe. C'est ici que le travail de veille, l'usage des outils numériques menés depuis la prise de fonction va s'avérer productif.
Les périodes de confinement vont être révélatrices de nos capacités réelles à évoluer sur le plan pédagogique, dans un cadre contraint en premier lieu, dans un projet plus réfléchi ensuite. Ces périodes seront également un moment intense d'expérimentations, de découvertes mais aussi de remise en causes de certaines convictions.
Lorsque nous mettons en place les premiers outils numériques auprès de nos apprenants, certains membres de l'équipe vont être surpris par les difficultés éprouvées par des apprenants parfois jeunes. Il est vrai que la culture populaire a favorisé l'image d'une génération dite « digital native ». Nées avec les outils numériques, ces générations sont censées maitriser « naturellement » les outils numériques. Le concept de « digital native », popularisé par Prensky, écrivain et conférencier américain, n'a pas formellement trouvé de base scientifique dans les études de terrain. Il s'avère même que d'autres facteurs tels que le niveau d'éducation, le sexe, ou les expériences puissent être des facteurs plus signifiants que l'appartenance à une génération (1).
Nous voilà donc devant un défi imprévu : l'accompagnement des apprenants aux usages d'outils numériques. Si la communication et l'usage des réseaux sociaux ne leur posent globalement pas de problème, l'usage des outils de production (bureautique, travail collaboratif...) est moins évident. Cependant, au fil du temps, leur capacité d'adoption des outils proposés s'avère assez rapide. En tant que référent numérique, il faut alors développer des outils tels que les tutoriels mais aussi pointer vers des ressources en ligne, heureusement nombreuses. Les membres de l'équipe de formation, habitués aux outils numériques vont également jouer un rôle important auprès de ces étudiants.
Autre problématique qui se fait jour : le maintien du lien social et de la cohésion de groupe.
Lors du premier confinement, les promotions avaient eu le temps de faire connaissance. Le maintien du lien social avait fait l'objet d'une réflexion importante. Lors du second confinement, le peu de temps de mise en commun pour les formations débutantes a mis à jour des difficultés à créer de la cohésion au sein des promotions. Il devient alors évident que la mise à distance et les interfaces numériques nous invitent à repenser l'accompagnement des étudiants tant sur le plan individuel que collectif. C'est le rôle de formateur qui se modifie profondément lors de la mise en place d'un environnement d'apprentissage largement numérisé et distanciel. Face à la distance, l'apprenant est plus que jamais acteur de son apprentissage et le formateur renforce ses fonctions d'accompagnement et de facilitation. L'apprenant doit impérativement développer ses capacités d'autonomie dans les apprentissages et l'équipe de formation est là pour bâtir les parcours qui le lui permettront.
Dans cette évolution du rôle des membres de l'équipe pédagogique, de nouveaux besoins se font jour. L'accompagnement de l'équipe à une « acculturation numérique » devient indispensable. Il ne s'agit pas seulement de savoir utiliser correctement un outil mais aussi d'en comprendre le fonctionnement, les intérêts et limites, la pertinence pédagogique. Cet accompagnement passe par quatre axes (Cf. Fig. 1).
L'évolution rapide des technologies implique de développer des ressources internes agiles pour répondre à cet enjeu d'accompagnement, d'autant que la diffusion et l'intégration de l'innovation ne vont pas à la même vitesse pour tous les membres de l'équipe pédagogique. A l'identique du modèle d'Everett Rogers (2) sur la diffusion de l'innovation, on retrouve les différents profils : innovateurs, premiers utilisateurs, majorité précoce (qui se rallient rapidement aux premiers utilisateurs) et tardive (qui se rallieront après une expérimentation plus longue) et enfin réfractaires. Ces derniers ne rejettent pas par principe mais attendent que le dispositif fasse partie de la tradition pour finir par l'adopter.
Il s'agit, dans l'accompagnement, de différencier les modalités afin de limiter les écarts au sein d'une même équipe.
Les ressources externes sont également capitales pour avancer et cette période se révèle particulièrement riche :
• Un collectif de formateurs en santé fonde un groupe de partage sur Facebook qui va vite devenir précieux (3),
• Les universités rendent accessibles de nombreux documents relatifs à la numérisation des enseignements,
• Au-delà de la France, c'est toute la francophonie qui devient une ressource grâce à ses partages via des sites ou des chaines type YouTube.
La confrontation aux situations, aux ressources externes, aux pratiques de nos collègues est une source d'inspiration mais également à la base d'une réflexion : il est indispensable de faire évoluer nos pratiques pédagogiques !
De même qu'une chanson « Pop » doit être complètement réorchestré pour être jouée sur un thème « Jazz » (4), un enseignement conçu en présentiel doit être repensé lorsque viennent s'insérer distance et outils technologiques. Les types d'apprentissage que nous avions abordé lors de nos formations (behaviorisme, constructivisme, socio-constructivisme) ne sont pas obsolètes mais viennent s'enrichir d'autres approches telles le socio-cognitivisme de Bandura (5). Les travaux récents de la psychologie cognitive sur l'attention ou la charge cognitive peuvent également alimenter nos réflexions.
C'est l'occasion de convoquer Richard Mayer et ses travaux sur l'apprentissage multimédia (6). Ceux-ci permettent de dégager quelques principes d'élaboration des ressources multimédia et d'améliorer nos productions.
La période post second confinement nous permet de reprendre un présentiel partiel et guidé par les mesures de prévention. C'est le moment de penser à l'association entre distance et présence, c'est le temps de l'hybridation de la formation.
A lui seul, le thème de l'hybridation nous ouvre un continent de réflexions. Les États-Unis et le Canada produisent depuis longtemps des données sur les modalités de formation en e-learning.
En France, des équipes de chercheurs leur ont très tôt emboité le pas. Dès le milieu des années 1990, voire le début des années 2000, des chercheurs comme Brigitte Albéro, Alain Chaptal ou Eric Bruillard se sont intéressés à l'introduction des TICE et du e-learning. Une revue comme le STICEF (8) publie sur le sujet des TICE et du e-learning depuis les années 1990.
Là aussi l'hybridation exige de repenser la dynamique du parcours pédagogique. L'élaboration du fil conducteur de nos enseignements est, dans ce contexte, impérieuse.
Face aux difficultés qu'ont pu éprouver nos étudiants dans la mise à distance des enseignements, nous sommes également invités à réfléchir à une hybridation différenciée : de la première à la troisième année d'études, du début à la fin de l'année. Cette hybridation différenciée devra probablement se penser avec une gradation dans l'emploi des outils numériques, une gradation qui permettra au plus grand nombre de se les approprier.
Nous sommes désormais bien avancés dans l'année 2021 et l'accélération des campagnes de vaccination peut nous laisser penser que l'automne nous permettra peut-être de reprendre une vie normale, voire nos modalités pédagogiques habituelles. A ce moment-là, que restera-t-il de ces 18 mois d'inventions ou d'innovations ? Certains pourraient penser que nous retournerons à la situation précédente : « Business as usual ».
Personnellement, je suis convaincu que le retour total en arrière est impossible et ce pour plusieurs raisons :
• De nombreuses équipes ont découvert des modalités pédagogiques qui leur ont permis de dynamiser et d'enrichir leurs enseignements, ils ne renonceront pas,
• Les étudiants, malgré les difficultés éprouvées, ont découvert une autre manière d'étudier, qui leur laisse plus d'autonomie, ils souhaiteront en conserver les avantages,
• Sur le plan des évolutions règlementaires, l'introduction de la notion même d'aménagement des parcours de formation est cohérente avec l'hybridation des parcours de formations qui donne à ces mêmes étudiants plus d'opportunité pour organiser leur parcours d'apprentissage en lien avec leurs contraintes personnelles,
• Enfin, le Ségur de la Santé ayant entériné l'augmentation des quotas d'étudiants, l'accueil de promotions entières pourrait, pour certains instituts, devenir problématique. Hybrider s'avère alors une solution envisageable.
Reste quand même deux questions vives :
• Qu'en est-il de l'efficacité sur les apprentissages de ces parcours de formation hybride ?
• Comment accompagner cette révolution pédagogique et technique ?
Sur le plan de l'efficacité comparée des approches de face à face versus les enseignements hybrides dans la formation infirmière, la revue systématique de littérature de Mc Cutcheon et al. (9) se partage entre efficacité supérieure des dispositifs partiellement en ligne (hybride) et efficacité égale dans la comparaison à l'enseignement traditionnel.
Une fois levée cette inquiétude de l'efficacité, la seconde question s'impose alors : quelle méthode utiliser pour accompagner cette révolution pédagogique et technique ?
Comme évoqué lors des parties précédentes, le niveau de maitrise numérique des équipes pédagogiques reste très hétérogène, la connaissance de l'hybridation probablement superficielle pour le plus grand nombre.
Il me semble alors capital que cette évolution puisse être accompagnée par un membre de l'équipe pédagogique, dédié à ce type d'activité. Dans l'Education Nationale, cette personne est souvent nommée référent TICE. Cette appellation renvoi majoritairement à l'usage d'outils. Pour accompagner un mouvement plus large, il me semble pertinent d'utiliser une dénomination plus globale, celle de Digital Learning Manager (10). Issu du monde anglo-saxon et entrepreneurial, le terme recouvre une réalité plus large que celle de référent TICE.
A la fois innovateur dans l'usage des outils et partie prenante de la culture digitale, il aura alors six grandes missions (Cf. Fig. 3) :
Il s'agit donc :
• D'accompagner l'acculturation numérique de l'équipe pédagogique à travers des actions d'information et de formation,
• D'accompagner sa direction dans la définition de la stratégie digitale de formation de l'établissement,
• De gérer des projets en lien avec la digitalisation et l'hybridation de la formation,
• De concevoir des contenus de formations riches et nécessitant des outils spécialisés,
• De réaliser une veille technico pédagogique et d'en diffuser les points essentiels.
• De participer aux actions de communication aux fins de valorisation de la politique digitale de son établissement,
Comme il est possible de le voir, les missions sur ce poste excèdent largement le champ traditionnel du référent TICE. Il est autant gestionnaire de projet que formateur pour ses pairs ou bien Ingénieur pédagogique. Le métier de Digital Learning Manager, même dans le champ de l'entreprise, reste jeune. Les profils de recrutement sont atypiques. Nul doute que ces profils existent déjà dans les équipes pédagogiques actuelles. Le défi est maintenant de les identifier mais aussi de réorganiser les équipes afin de favoriser l'émergence de ces postes. Toutefois, au-delà de ce poste, dédié au sein de chaque équipe pédagogique, ne devrait-on pas penser plus large ?
Et si l'avenir numérique était aussi collectif ?
En effet, les évolutions organisationnelles tant au niveau des Groupements Hospitaliers Territoriaux (GHT) que des groupements universitaires, les qualifications universitaires pour la discipline des sciences infirmières, la naissance à venir des Unités de Formation et de Recherche (UFR) de sciences infirmières, nous invitent à penser une dimension plus large, plus collective. Ce que peut faire un Digital Learning Manager pour une équipe, pourquoi ne pas l'envisager pour plusieurs équipes voire une région. D'une équipe pédagogique à l'autre, les besoins sont souvent similaires. Il en est de même pour les étudiants. Il est probable que l'organisation de la stratégie digitale autour d'une équipe mutualisée constituerait une démarche positive pour tous, à la fois en termes de gestion des ressources humaines mais aussi sur le plan de la cohérence de la politique digitale.
Enfin, sur le point de la production d'activités d'apprentissage numérisées, l'autonomie peut être une source d'économie : une heure de contenu numérique pouvant rapidement couter plusieurs milliers d'euro, en fonction du degré d'interactivité souhaité.
Ces structures existent déjà dans certaines universités. L'UFR de Médecine de Montpellier s'est dotée d'une structure de cette nature (11) et s'est largement engagée dans la digitalisation des enseignements et des évaluations. Il est plus que probable que la création d'une structure de cette nature au sein des futures UFR de Sciences Infirmières rendrait d'importants services, notamment face à la dispersion géographique des différents sites de formation.
Si nous nous projetons sur une après crise, encore hypothétique, le retour aux pratiques pédagogiques antérieures semble peu probable. Les expériences d'innovations pédagogiques, l'évolution de la formation infirmière, son intégration prochaine à l'université, sa forte implantation territoriale, tous ces facteurs invitent à faire évoluer nos pratiques mais aussi les profils de poste. L'émergence d'un Digital Learning Manager au sein des équipes pédagogiques parait être une option pertinente. Cependant, il est nécessaire de penser plus collectif. Le futur nous guidera probablement vers une configuration d'équipe à même de proposer des dispositifs numériques pertinents et cohérents avec les stratégies pédagogiques des équipes en charge de la formation des étudiants. Nous devrions tous y trouver avantage : les équipes pédagogiques avec des aides qui pourront aller jusqu'à la création de ressources, les étudiants qui pourront bénéficier d'enseignements multimodaux efficaces et leur permettant de mieux s'organiser grâce à l'hybridation de leur formation, mais aussi la discipline infirmière dont l'enseignement pourra, grâce à la mise en commun, bénéficier d'une harmonisation sur un territoire plus large.
Tout dispositif de formation qui se caractérise par la présence de dimensions innovantes (accompagnement humain, modalités d'articulation présence – distance...) liées à la mise à distance. Le dispositif hybride, parce qu'il suppose l'utilisation d'un environnement techno-pédagogique, repose sur des formes complexes de médiatisation et de médiation (7)
(1) Helsper, E. J., & Eynon, R. (2010). « Digital natives : where is the evidence ? » British Educational Research Journal, 36(3), 503–520. 10.1080/01411920902989227...
(2) Badillo, P. (2013). « Les théories de l'innovation revisitées : une lecture communicationnelle et interdisciplinaire de l'innovation ? Du modèle `'Émetteur'' au modèle communicationnel. » Les Enjeux de l'information et de la communication, 1(1), 19-34. https://doi.org/10.3917/enic.014.0019
(3) Groupe Facebook Collectif Formateurs en santé : échanges et partages. Récupéré le 4 avril 2021, sur https://www.facebook.com/groups/collectifformateursensante/?multi_permalinks=1082120848943921
(4) Allez voir la chaine YouTube de Postmodern Jukebox, une de mes découvertes du confinement. Elle illustre parfaitement l'idée.
(5) Carré, P. (2004). « Bandura : une psychologie pour le XXIe siècle ? » Savoirs, 5(5), 9-50. https://doi.org/10.3917/savo.hs01.0009
(6) CSE UNIL. (23 mars 2021). Produire Du Multimédia Pédagogique : Les Principes De Mayer. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=4JHf9wZOh88
(7) Burton, R., Borruat, S., Charlier, B., Coltice, N., Deschryver, N., Docq, F. & Villiot-Leclercq, E. (2011). « Vers une typologie des dispositifs hybrides de formation en enseignement supérieur ». Distances et savoirs, 1(1), 69-96. https://doi.org/
(8) Revue Sticef.org. Récupéré le 5 avril 2021, sur http://sticef.univ-lemans.fr/index.htm
(9) McCutcheon, K., Lohan, M., Traynor, M., & Martin, D. (2015). « A systematic review evaluating the impact of online or blended learning vs. face-to-face learning of clinical skills in undergraduate nurse education ». J Adv Nurs, 71(2), 255–270. 10.1111/jan.12509
(10) Lacroix, P. (n.d.). Qu`est Ce Qu'un Digital Learning Manager ? - By Unow. https://www.unow.fr/blog/digital-learning-et-formation/metier-digital-learning-manager
(11) Laboratoire d'Innovation Pédagogique et de Création d'Outils Multimédia (LIPCOM)