OBJECTIF SOINS n° 0282 du 02/09/2021

 

Formation

ACTUALITÉS

Anne-Lise Favier  

C’est un projet qui était sur les rails depuis quelque temps mais qui a enfin trouvé une issue favorable : celui de la réforme de la formation des aides-soignantes. Un serpent de mer dont les discussions avaient été entamées en 2015 et qui visait à redonner de l’attractivité à la profession. C’est désormais acté puisque l’arrêté du 10 juin 2021 « relatif à la formation conduisant au diplôme d'État d'aide-soignant et portant diverses dispositions relatives aux modalités de fonctionnement des instituts de formation paramédicaux » est enfin paru au Journal officiel.

Une relance de l'attractivité

Au menu, des études légèrement plus longues, des enseignements renforcés, des missions supplémentaires, un tout qui devrait permettre une relance de l’attractivité de la profession, qui a souffert ces dernières années. De 10 mois, la formation est portée à 12 mois, soit 44 semaines, avec une partie théorique et l’autre pratique à base de quatre périodes de stages qui rythment le temps de formation : « Trois stages de cinq semaines visent à explorer les trois missions suivantes de l'aide-soignant : accompagner la personne dans les activités de sa vie quotidienne et sociale dans le respect de son projet de vie ; collaborer aux projets de soins personnalisés dans son champ de compétences ; contribuer à la prévention des risques et au raisonnement clinique interprofessionnel dans différents contextes comme la prise en soins d'une personne dont l'état de santé altéré est en phase aiguë et la prise en soins d'une personne dont l'état de santé altéré est stabilisé. Un stage de sept semaines, réalisé en fin de formation, permet l'exploration ou la consolidation du projet professionnel et le renforcement des compétences de l'apprenant afin de valider l'ensemble des blocs de compétences. Il doit être réalisé en continu et ne peut être fractionné. Au cours de ces stages, l'élève réalise au moins une expérience de travail de nuit et une expérience de travail le week-end », précise l’arrêté. Ces dispositions devraient permettre aux instituts de formation de se caler rapidement dès la rentrée.

Des missions élargies

Autre nouveauté, le socle de compétences qui s’élargit afin de mieux répondre aux besoins de santé de la société, face à une population qui vieillit et et qui est de plus en plus maintenue à domicile. Ainsi, cinq blocs de compétences, inscrits au référentiel de certification, délimitent la profession d’aide-soignante, sous le contrôle d’un infirmier diplômé d’État : « L'aide-soignant accompagne et réalise des soins essentiels de la vie quotidienne, adaptés à l'évolution de l'état clinique et visant à identifier les situations à risque. Son rôle s'inscrit dans une approche globale de la personne et prend en compte la dimension relationnelle des soins ainsi que la communication avec les autres professionnels, les apprenants et les aidants. L'aide-soignant travaille au sein d'une équipe pluridisciplinaire intervenant dans les services de soins ou réseaux de soins des structures sanitaires, médico-sociales ou sociales notamment dans le cadre d'hospitalisation ou d'hébergement continus ou discontinus en structure ou à domicile ». Ces compétences permettent de mener à bien les trois missions essentielles de la profession découvertes lors des stages.

Les aides-soignantes se voient confier de nouveaux actes de soins, comme par exemple le  recueil de la saturation en oxygène, les prélèvements non stériles (selles, urine, expectorations) ou encore la lecture des données biologiques urinaires. Un élargissement qui n'est pas toujours vu d’un bon œil par les infirmiers, qui redoutent une prise en charge dégradée des patients suivis à domicile, comme le souligne Convergence Infirmière. Du côté des aides-soignantes, cette réforme va dans le bon sens, même si la profession aurait souhaité encore plus d’autonomie. Une chose est sûre, cette réforme est désormais actée et ouvre un nouveau débat, celui de l’exercice libéral de la profession, que d’aucuns appellent de leurs vœux et que d’autres craignent. Le sénateur les Républicains Max Brisson s’est, d’ores et déjà, saisi de la question, en interrogeant le Gouvernement sur les inquiétudes suscitées par cette réingénierie de la profession d’aide-soignante*.