OBJECTIF SOINS n° 0283 du 14/10/2021

 

EDITO

Marc Grassin    

La relation est la marque de fabrique de notre condition humaine. Elle livre chacun à l’horizon de ce qu’il décide ou peut engager avec et pour l’autre. Les relations sont toujours multiformes. Elles se déclinent dans l’affectif, l’émotionnel, le rationnel, le technique, le moral, le politique, dans le matériel et l’organisationnel de nos structures. Traversées et travaillées par tout cela, obscures à chaque personne et à tous, les relations sont un défi de tous les instants pour qu’elles nous honorent et rendent véritablement possibles nos existences.

Dans un monde qui change, les relations et la communication changent aussi. Les situations de fragilité ou de vulnérabilité que nous rencontrons tous (patients, familles, salariés…), mais aussi les nombreux bouleversements liés aux nouvelles conditions d’existence, obligent à « innover dans la relation », pour ne pas dire « innover la relation ».

Parce que toute relation est singulière et unique, elle est immédiatement la création d’un moment où chacun s’invente à nouveau frais. Nous le savons tous, lorsque la relation devient répétition, routine, processus, elle épuise le goût de la vie et l’intelligence qui lui est nécessaire.

Pour qu’elle convienne, il y a dans la relation un esprit d’ouverture, de rencontre qui ose « l’inimaginable » et « l’impossible ». Le philosophe Gilles Deleuze affirmait que « rencontrer, c’est ne pas reconnaître ». Relationner est donc toujours un au-delà de ce que l’on sait faire et dans la rencontre l’effort de mobiliser les nouvelles ressources possibles. Ressources personnelles des savoir-être partagés bien sûr, mais aussi ressources des nouveautés technologiques et techniques, sociales qu’il faut dans la confiance et la responsabilité, construire ensemble pas à pas.

Il ne faut pas avoir peur de ce que cela induit comme déplacement, comme bouleversement de nos habitudes et de nos modes de fonctionnement. Comme tout changement, il y a un coût. Celui d’avoir à se ré-élaborer, à redistribuer les rôles et les pouvoirs, à changer les organisations. Nous ne sommes pas toujours prêts à en payer le prix. Mais c’est pourtant dans l’audace que la relation est ce « par l’autre » qui nous fait tant de bien.