OBJECTIF SOINS n° 0283 du 14/10/2021

 

OLFACTION

ACTUALITÉS

  Claire Pourprix  

Dans le Haut-Rhin, l’Ehpad La Roselière à Kunheim teste depuis juillet la détection de cas de Covid grâce à un chien renifleur. Explications de Christelle Schreiber, l’éducatrice de Pokaa, un golden retriever qui a été sélectionné par l’association Handi’chiens.

Ne devient pas détecteur de Covid tout chien, même bien dressé ! Il faut en effet que le canidé soit volontaire pour cette mission, qu’il dispose des bonnes qualités comportementales et qu’il fasse preuve d’un attrait olfactif. Trois chiens d’accompagnement social ont été sélectionnés par l’unité de formation de Kunheim de l’association Handi’chiens pour devenir détecteurs de Covid. Ils ont été formés à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA) avec leur éducateur respectif pendant quatre semaines en juin-juillet, selon une méthode développée et validée scientifiquement par le Pr Dominique Granjean, enseignant-chercheur au sein de l’école, dans le cadre du projet « Nosaïs-Covid19 ». Le principe : identifier par olfaction les personnes positives à la Covid sur la base d’un échantillon de leur sueur.

Un prélèvement non invasif…

L’échantillon est recueilli en positionnant des compresses pendant quelques minutes sous les aisselles. Le prélèvement, non invasif et non contaminant, est ensuite placé dans une boîte métallique équipée d’un grillage. Le chien renifle le prélèvement à travers la grille et, s’il est positif, s’assoit et attend de prochaines instructions. « Je connaissais les capacités de pistage du chien mais pas celle de détecter un virus… J’étais loin d’imaginer qu’un chien pouvait faire ce travail-là ! », confie Christelle Schreiber, l’éducatrice de Pokaa, un des trois chiens formés. Aujourd’hui éducatrice canine au sein de Handi’Chiens, cette ancienne aide médico-psychologique en unité Alzheimer connaît bien les pouvoirs de la médiation animale qu’elle a pratiquée. Elle apprécie les vertus d’un dépistage olfactif de la Covid chez les patients âgés. « Sur des résidents en Ehpad, qui souffrent d’Alzheimer pour certains, pratiquer un test PCR est parfois difficile. Grâce au chien détecteur, on va pouvoir limiter l’impact traumatique. »

En attente d’une autorisation légale

Pour l’heure, le procédé est expérimental, car la loi n’autorise pas cette pratique. Au sein de l’Ehpad La Roselière, les prélèvements sont effectués sur les résidents, des salariés et quelques visiteurs qui se sont prêtés « au jeu ». Les prélèvements sont rassemblés de manière anonyme dans une salle rattachée à la maison de retraite, qui doit être régulièrement aérée pour ne pas altérer les capacités olfactives de Pokaa. Si le chien détecte un prélèvement positif, un test PCR est effectué pour confirmer le diagnostic.

Après la validation de la formation à l’ENVA – les chiens formés sont évalués sur une centaine de tests au sein de l’école –, restera un obstacle à lever : une autorisation légale pour étendre cette pratique d’olfaction qui fait l’objet de plusieurs expérimentations en France.